Le différend autour de l'application des statuts au sein du FFS voile mal une féroce bataille pour le contrôle de l'appareil du parti. M. Kebci-Alger (Le Soir) - Le FFS (Front des forces socialistes) est en butte à une nouvelle crise qui risque de lui coûter encore des départs de cadres et de militants. La démission de Ali Laskri de l'instance présidentielle, dont il était le coordinateur, est révélatrice d'une sérieuse crise qui va au-delà d'une question purement statutaire et réglementaire, comme certains voudraient le faire croire. Pour cause, les débats houleux qui ont caractérisé la session ordinaire du conseil national du parti tenue le week-end écoulé et qui a décidé, bien tard dans la nuit de vendredi à samedi, d'une autre session, extraordinaire celle-là, de la même instance, prévue le 9 mars prochain. Et chacun des deux camps, les partisans d'un congrès extraordinaire et ceux qui estiment qu'il faudra attendre la tenue du congrès ordinaire prévu en mai 2019, revendique une victoire psychologique et tactique sur l'autre. Ceux qui, comme Ali Laskri, revendiquent un congrès extraordinaire, soutiennent fièrement avoir remporté une première victoire, celle d'avoir «imposé le débat» contrairement au cas de l'autre membre du présidium, Rachid Halet, expédié en un quart de tour. Une comparaison que «relativise» une source très proche de l'instance présidentielle ou ce qu'il en reste, puisque, selon elle, le premier a été sanctionné (radiation des rangs du Front) pour avoir porté le différend en public via les médias alors que le second a été «intelligent» en agissant tout autrement, Laskri s'étant refusé à tout débat «en dehors des structures du parti», ce qui a suscité une «sympathie» à son endroit parmi des cadres et militants de base. Ceci dit, s'il ne risque rien en termes de sanctions et s'il a réussi la première manche de son combat, l'ex-premier secrétaire national du FFS risque de perdre la seconde et ô combien capitale et ultime phase. Celle de pouvoir «inverser le rapport de force» en sa faveur et, donc, du camp qu'il incarne en vue du contrôle des destinées du parti qui constitue le véritable enjeu que les crises statutaires qu'enregistre le parti cycliquement. D'où le forcing du camp Laskri, qui se savait dans le viseur de ses ex-pairs de l'instance présidentielle, à convoquer un congrès extraordinaire qu'il a, d'ailleurs, explicitement réclamé dans sa lettre de démission de l'instance présidentielle. Surtout que les statuts parlent d'un conclave à tenir avec la même composante que celle du dernier ordinaire en date, celui de mai 2013, alors qu'un congrès ordinaire est à programmer dans un délai de six mois avec, en sus, une toute nouvelle composante. Autant d'atouts pour ce qui reste de l'instance présidentielle, Aziz Baloul et Mohand-Amokrane Chérifi qui voudraient avoir leurs adversaires en usant du facteur «temps». Mais une autre contrainte statutaire contrarie le plan du duo : selon notre source, «le congrès ordinaire ne peut être convoqué que par l'instance présidentielle qui n'existe plus. Donc, il faut élire une nouvelle IP pour pouvoir organiser un congrès ordinaire. Ce qui ne peut être fait que par un congrès extraordinaire». D'où la «tourmente» au sein du clan des Baloul et Chérifi qui «appréhendent un congrès extraordinaire au vu de l'actuel rapport de force qui leur serait défavorable». Ce «malaise» a été accentué par l'attitude de Laskri qui a préféré confiner les débats au sein des structures du parti contrairement à Rachid Halet dont l'écart de conduite, en rendant public son différend, a été mis à profit par ses adversaires pour l'achever. Un piège dans lequel le duo Baloul-Chérifi aurait souhaité voir tomber le député de Boumerdès pour lui porter le coup de grâce. Pour notre source, cette bagarre autour du respect des statuts et du règlement intérieur du FFS voile mal une «féroce rivalité entre les deux camps pour le contrôle de l'appareil du parti». M. K.