La gestion collégiale du Front des forces socialistes (FFS) conduit finalement le parti à l'impasse. La démission du membre de l'instance présidentielle, Ali Laskri, annoncée, dimanche dernier, démontre les limites de cette structure, mise en place à l'occasion du 5e congrès de cette formation, censée «incarner l'unité et veiller au respect de la ligne politique du parti», comme le stipule l'article 47 de ses statuts. Mais c'est l'unité de l'instance, elle-même, qui a volé en éclats. Une année après « le coup de force » qui a conduit à l'exclusion de Rachid Hallet, le présidium du FFS, composé initialement de cinq membres, se retrouve dans l'illégalité. Il ne compte désormais que deux membres, à savoir Aziz Baloul et Mohand Amokrane Chérifi. Une situation très compliquée pour la direction actuelle du parti, contrainte, en vertu de ses propres textes, d'aller vers un congrès extraordinaire pour élire une nouvelle instance. «Si le nombre des membres de l'instance présidentielle est réduit à moins de trois (3), un Congrès extraordinaire est convoqué pour élire une nouvelle instance présidentielle», précise l'article 48 des statuts adoptés lors du dernier congrès. Selon le même texte « la composition du Congrès extraordinaire est la même que celle du dernier congrès (art 34) ». La direction actuelle du parti convoquera-t-elle ces assises ? « Mon retrait de cette instance implique automatiquement l'organisation d'un congrès extraordinaire sur le plan statutaire. Un congrès extraordinaire dans l'intérêt salvateur du parti, à travers l'élection d'une nouvelle instance présidentielle, ce qui va amener une nouvelle dynamique politique d'espoir de tout un peuple », avait précisé Ali Laskri dans son message. Délai de congrès ordinaire dépassé Mais « les tenants du pouvoir » du parti ne l'entendent pas visiblement de cette oreille. Les manœuvres ont déjà commencé pour désamorcer « les plans» du démissionnaire. Un cadre proche du « cabinet noir » qui détient les commandes du parti affichent son opposition à la tenue de ce congrès extraordinaires. «Nous avons déjà dépassé le délai pour l'organisation du congrès ordinaire qui doit se tenir chaque quatre ans. Il n'y aura pas de congrès extraordinaire», lance-t-il, sous le couvert de l'anonymat. Mais cette explication ne figure dans aucun texte du parti. Seule la possibilité du report du congrès ordinaire est prévue dans les statuts. «Les modalités de convocation du Congrès sont définies dans le règlement intérieur du parti. Le Congrès national peut être reporté pour une durée qui ne dépasse pas deux (2) années, sur proposition de l'instance présidentielle ou à la demande des deux tiers (2/3) des membres du Conseil national », stipule l'article 32 de ce texte. Au-delà de l'organisation ou non de cette échéance, ce sont les raisons ayant conduit Ali Laskri à la démission qui restent une énigme. Pourquoi a-t-il agi de la sorte ? Il y a certainement un différend de taille au niveau de l'instance présidentielle. Certaines sources proches du parti avancent l'existence d'une guéguerre autour de deux questions importantes : le poste de premier secrétaire et la désignation des membres représentants du parti au niveau des commissions de l'APW d'Alger. «Ali Laskri veut maintenir le premier secrétaire actuel qui est proche de lui. Il veut aussi placer ses propres amis au niveau des commissions de l'APW d'Alger», explique notre source, qui regrette au passage « cette nouvelle déstabilisation du parti ». « 2018 est une année importante sur le plan politique. Cette crise risque d'écarter le FFS des vrais débats qui s'imposeront sur la scène dans les prochains mois », ajoute la même source.