Que pouvait dire Taha Hammouche, le directeur général de la pêche et de l'aquaculture (DGPA), à la majorité des algériens qui voudraient, en de rares occasions, s'offrir un petit plaisir en dégustant un plat de poisson, même en se contentant de la sardine, pour alimenter leurs corps en protéines nécessaires à la santé ? C'est la question que nous nous sommes posée avant l'entame de la conférence organisée, hier, au Forum d'El Moudjahid. «Il faut prendre la filière de la pêche du côté économique. Tout le monde veut, par ailleurs, consommer du poisson. Il y a un déséquilibre entre l'offre et la demande». En clair, s'il y a demande, il y aura des investissements, il faudrait donc attendre que des projets en cours de réalisation ou à venir entrent en production pour, peut-être, rééquilibrer l'offre et la demande. C'est en gros l'explication du conférencier. Ce n'est donc pas demain que cette majorité d'algériens s'offrira plus souvent ce poisson. Rappelons que la consommation par année et par personne est insignifiante en Algérie Elle est estimée à 4,5 kg. L'OMS (Organisation mondiale de la santé) préconise un minimum de 20 kg. Pour rappel, l'Algérie avec ses 5.300 embarcations a capté, en 2017, 108.000 tonnes alors que 50 projets aquacoles entrés en activité ont produit 4.200 tonnes. Cela fait, selon Hammouche, 112.200 tonnes. On est loin du compte pour mettre au minimum 200.000 tonnes/an sur le marché algérien afin d'offrir aux citoyens un minimum de protéines. Le DGPA pense qu'il est possible de combler, à moyen terme, ce retard par l'intensification de l'élevage. Le ministère de l'Agriculture, de la Pêche et du Développement rural veut, semble-t-il, ramener la part de l'élevage à 50% de la demande. Mais ne risque-t-on pas de se contenter d'importer du poisson sous forme de kits puisque 100% des intrants de cette filière- alevins, aliments et équipements- sont importés ? « C'est la voie obligatoire pour bâtir une filière. Quand il y a une demande d'intrants, elle est nécessairement prise en charge par des investisseurs. Je vous rappelle que c'est parce qu'il y a une demande du marché algérien en produits halieutiques que les projets d'investissements sont nombreux», dira-t-il. En 2017, ces projets étaient au nombre de 39. L'ensemble du secteur de la pêche emploie 103.000 personnes. Durant cette rencontre, d'autres sujets ont été abordés, notamment celui concernant le quota de thon affecté à l'Algérie, selon le conférencier, 1.043 tonnes par des bateaux battant pavillon algérien. En 2020, ce quota augmentera pour atteindre les 1.600 tonnes, promet le DGPA. Selon lui, les professionnels du secteur dénoncent la pêche à la dynamite. Abachi L.