Hassan al-Tourabi, dont les proches ont annonc� hier dimanche l'arrestation � Khartoum, fut longtemps l'�minence grise islamiste du pr�sident Omar el-B�chir, avant d'en devenir l'un des plus farouches d�tracteurs. Portant un turban blanc et une courte barbe grise, cet homme de 78 ans, volontiers volubile, a plusieurs fois �t� arr�t� ces derni�res ann�es, sans jamais cesser ses critiques acerbes contre le pouvoir. Sa derni�re arrestation remonte � janvier 2009, apr�s qu'il eut estim� le pr�sident B�chir �politiquement coupable� de crimes commis dans la province soudanaise du Darfour, en proie � un conflit civil. En avril dernier il fait jug�e �frauduleuse� l'�lection qui a reconduit M. B�chir au pouvoir avec officiellement 68 % des voix. Dipl�m� des facult�s de droit de Khartoum, Londres et Paris- La Sorbonne, il accompagna, et m�me inspira selon certains, le coup d'�tat militaro-islamiste qui conduisit en 1989 le g�n�ral Omar al-B�chir � la t�te du plus vaste pays d'Afrique. Fondateur des Fr�res musulmans soudanais et chantre d'un panarabisme islamiste, il fut aussi proche d'Oussama Ben Laden qui se fixa au Soudan de 1992 � 1996. Mais sa carri�re politique avait tr�s t�t commenc�, s'�tant rapproch� dans les ann�es 1970 du pr�sident Ga�far al-Nimeiri pour faire adopter des lois islamistes. Habile man�uvrier, toujours prompt � nouer et d�nouer des alliances, il a d�velopp� une plate-forme politique islamiste en s'opposant aux puissantes confr�ries soufies et � la r�bellion chr�tienne sudiste. Consid�r� comme le chef spirituel de la junte au pouvoir depuis 1989, cet id�ologue ne cesse d'�tendre son influence. Il cr�a la premi�re conf�rence populaire arabe et islamique, une internationale islamiste. Il devint aussi pr�sident du Parlement et secr�taire g�n�ral du Congr�s national, le parti du pr�sident B�chir. Mais ses relations avec Omar el-B�chir vont tourner � l'aigre et le divorce entre les hommes aboutira � son incarc�ration de 2001 � 2003, en �tant accus� de men�es putschistes. Il sera de nouveau arr�t� en 2004, suspect� de liens avec le Mouvement pour la justice et l'�galit� (JEM), un des groupes rebelles du Darfour qui venait, un an auparavant, d'engager une �preuve de force militaire avec le r�gime dans cette immense et d�sh�rit�e r�gion de l'ouest du pays. Apr�s avoir �t� plac� en r�sidence surveill�e, il avait repris � l'�t� 2005 du service politique, se livrant � de virulentes attaques contre le r�gime qu'il accusait de corruption. En avril dernier, il refuse de se porter candidat de sa formation, le Parti du congr�s populaire (PCP) � la pr�sidentielle, un r�le d�volu � Abdallah Deng Nial, un musulman originaire du Sud-Soudan, r�gion en grande partie chr�tienne.