Lors de son intervention, hier, à l'ouverture d'un symposium sur la place financière algérienne, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Loukal, a rappelé aux banques commerciales que leur rôle consiste plutôt en la captation de l'épargne et non pas le renseignement financier. Le symposium international qu'organise un consortium de sociétés de conseil à la Safex était, hier, l'occasion pour le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Loukal, de rappeler aux banques commerciales une instruction qu'il leur avait adressée il y a quelques semaines et qu'elles ne semblent pas respecter à la lettre. En effet, lors de son intervention à l'ouverture des travaux de ce symposium, Mohamed Loukal a indiqué que cette instruction avait tracé «une frontière imperméable entre la collecte des ressources, qui devrait être l'objectif essentiel des banques, et le renseignement financier qui est du ressort d'autres instances et non pas une prérogative des banques». Or, a-t-il constaté, les banques continuent à poser des questions aux clients qui touchent parfois à leur dignité. «Je ne vois pas pourquoi on demande à un client dans une banque depuis 20 ans qui, après avoir vendu un bien immobilier, se présente à la banque pour verser l'argent dans son compte, l'objet de l'opération. La loi interdit ces dérives», a-t-il regretté. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a, ainsi, invité les banquiers à être plus agressifs sur le plan commercial et à aller collecter l'épargne. Il explique que l'instruction en question, élaborée en concertation avec les banques commerciales justement, a été promulguée pour les libérer des contraintes de la loi anti-blanchiment d'argent. Il a ajouté que «le zèle ayant accompagné l'application de cette loi va à l'encontre des objectifs de cette loi». Cela, a-t-il poursuivi, a mené le système bancaire à l'enfermement, faisant échouer les tentatives d'inclusion financière. «Il y a eu beaucoup de tentatives d'inclusion financière qui sont restées sans succès. J'ai dirigé moi-même une banque commerciale et je parle en connaissance de cause. Et, cette situation, résultante du zèle, a empêché les banques de jouer leur rôle de collecte des ressources», a-t-il martelé. Mais, puisque la sensibilité religieuse empêche aussi beaucoup de détenteurs de capitaux de déposer leurs épargnes dans les banques conventionnelles, Mohamed Loukal a également rassuré les banques qui se sont lancées dans la finance islamique qu'une instruction est en préparation pour encadrer ce segment d'activité. «Nous n'avons pas besoin de revoir la loi de la monnaie et du crédit, comme le pensent certains, pour développer la finance islamique. Nous sommes en train de préparer un texte réglementaire qui viendra expliciter les dispositions de cette loi en la matière», a-t-il soutenu. Il convient enfin de noter, a précisé Mohamed Loukal, que le volume des billets en circulation en dehors des banques est de l'ordre de 30% de la masse monétaire, 4 780 milliards DZD dont 1 500 à 2 000 milliards DZD thésaurisés. L. H.