Finalement, c'est un..., je ne sais plus comment ça s'appelle, ce... Mark Zuckerberg, père de Facebook ! Un... Un quoi ? Un «excuseur», disons. Un professionnel de la contrition répétée, ce qui fait de lui un type pas forcément très sincère. Il fait ce qu'il a à faire froidement, dans son intérêt bien compris, et une fois débusqué, il... s'excuse, contrit. C'en est devenu un cliché...C'est ce que rappelle un éditorial du Monde à la faveur du scandale Cambridge Analytica dans lequel le fringant patron de Facebook est impliqué. Ce n'est pas la première fois. Mais encore une fois, il s'absout d'un simple «I am sorry». En 2003, jeune étudiant surdoué à Harvard, il crée Facemash. Le site, sexiste, est destiné rien moins qu'à juger les étudiantes sur leur... physique. Tollé ! Parade de Zuckerberg ? Excuses ! En 2006, il récidive en créant News Feed. Cette fois-ci, la fonctionnalité sert à surveiller les faits et gestes de ses... amis. On s'amuse bien, les potes ! Re-excuses ! En 2007, il fonde Beacon. La plateforme publicitaire collecte les données en analysant les achats à partir des sites partenaires de Facebook. Re-re-excuses. Ca n'en finit plus.... En 2009, il tente de garder à vie les contenus postés par les utilisateurs de Facebook. Re-re-re-excuses ! En 2010, il transfert les données des utilisateurs de Facebook à Microsoft et Yelp. Là, il fait fort. Non seulement, il prétend que l'intimité n'est plus une norme sociale mais en plus, il traite de «gros abrutis» les utilisateurs de Facebook qui ont la naïveté de lui confier leurs données. Puis, comme d'habitude, il s'excuse... En 2017, il s'offre en vecteur de propagande lors de l'élection présidentielle américaine. Il a encore la ressource de s'excuser. C'est par ses éternelles excuses, reçues désormais comme factices, que le patron du puissant réseau social s'en tire immanquablement. Le récent scandale dit Cambridge Analytica révèle-t-il une dérive de Facebook ou, au contraire, une activité «normale» ? Après les révélations faites par la presse le 17 mars, Facebook reconnaît le 4 avril dernier que les données personnelles transmises à Cambridge Analytica, un cabinet de conseil qui a travaillé en 2016 pour la campagne présidentielle de Donald Trump, pourrait atteindre jusqu'à 87 millions, chiffre supérieur aux 50 millions évoqués par The New York Times et The Observer. Ce qui a conduit Mark Zuckerberg à témoigner devant le Congrès américain les 10 et 11 avril. Evidemment, il tente de relativiser les effets de la stratégie de Facebook d'amener les utilisateurs à fournir leurs données personnelles que le réseau social commercialise par la suite. Ce qui est valable pour «l'abruti» utilisateur de Facebook ne l'est évidemment pas pour le patron du réseau social. Il revendique le droit à la confidentialité confisqué pour les utilisateurs des réseaux sociaux. Lors de son audition, le sénateur démocrate Dick Durbin demande à Mark Zuckerberg s'il serait «à l'aise à l'idée de partager avec nous le nom de l'hôtel dans lequel vous avez séjourné la nuit dernière». Réponse du patron de Facebook : «Hum, heu... non.» Après quoi, il précise qu'il n'aimerait pas non plus partager les noms d'amis auxquels il a envoyé des messages. Le fait est que Facebook est devenu un géant qui dicte ses règles. Aux Etats-Unis comme en Europe, certains observateurs le considèrent comme un danger pour la démocratie. Un journaliste allemand, Heinrich Wefing, du Die Zeit (Hambourg) recommande aux utilisateurs de le quitter : «Facebook est devenu un système de surveillance mondial, une gigantesque pieuvre aspirant toutes nos données.» Certes, admet ce journaliste allemand, une réglementation étatique peut limiter les pouvoirs des réseaux sociaux, et surtout celui de Facebook, à protéger les données personnelles et à ne pas les mettre au service de la publicité et de la propagande politique, mais le mieux est encore que les utilisateurs agissent en décidant de quitter Facebook car «si un nombre suffisant d'utilisateurs décident de fermer leur compte et que les annonceurs gardent leurs distances, alors même un géant comme Facebook finira par comprendre qu'il ne dicte pas toutes les règles». Comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même, des personnalités se détournent déjà du réseau social. Tim Cook, le président-directeur général d'Apple, a même déclaré : «Je n'ai pas d'enfant, mais j'ai un neveu. Et il n'est pas question de le laisser aller sur les réseaux sociaux.» Normal. Il ne veut pas en faire un «gros abruti» dont on manipule les données, après quoi Zuckerberg viendrait présenter ses excuses. Les défenseurs de Facebook voient encore le verre à moitié plein en y trouvant plus d'avantages que d'inconvénients et se mettent à imaginer des solutions pour protéger un peu plus les «gros abrutis». Lisa Nienhaus (Die Zeit) pense que «la dégringolade du cours de son action, 20%, peut inciter la direction à agir». Blayne Haggart, professeur de sciences politiques à l'Université Brock à Saint-Catharines (Canada), suggère, lui, de nationaliser Facebook car un Etat démocratique a la légitimité pour fixer les règles. Le chroniqueur Kevin Roose dans le New York Times se demande «pourquoi pas un réseau social qui serait géré par ses utilisateurs» et suggère «l'idée d'une fédération de réseaux sociaux respectant un protocole commun». Il suggère également une option d'auto-nettoyage où chacun pourrait effacer ses données, ses amis,etc. Mais peut-être qu'un «gros abruti» restera ce qu'il est... Allez, à tout à l'heure, sur Facebook... A. M.