Le dossier Maroc-Iran n'en est plus au stade des analyses à travers le monde. L'évolution de l'affaire a mis en avant des éléments qui confirment, à l'évidence, l'application par le royaume d'un large plan de séduction en direction de Trump. Objectif : obtenir son soutien dans la guerre contre le Front Polisario. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - L'entreprise est en cours depuis un long moment déjà. Réfractaire à toute initiative en faveur d'un règlement pouvant aboutir à l'indépendance du peuple sahraoui, le roi a tenté, durant ces trois derniers mois, un rapprochement avec toutes les personnalités influentes gravitant autour du Président américain. Il est de notoriété publique que les lobbies pro-marocains ont œuvré à cette même époque en vue de l'obtention d'une rencontre entre Mohammed VI et Trump, sans succès. Le monarque est rentré des Etats-Unis sans avoir réussi à se faire voir du locataire de la Maison Blanche bien que tout ait été établi pour signaler sa présence sur place. De passage à Paris, tout est mis en place pour offrir à l'opinion l'image d'un roi extrêmement proche des ses amis du Golfe, le prince Mohamed Ben Salmane en l'occurrence avec lequel il prend des selfies qui font rapidement le tour du monde. Obsédé par «l'ennemi» iranien, l'héritier du trône saoudien est, lui, en pleine phase de rapprochement avec Israël. De nombreux journalistes spécialisés dans les affaires du Moyen-Orient affirment à ce moment que MBS active ses réseaux pour soutenir son ami Mohammed VI dans un plan qui se met doucement en place. Des bribes fuient dans certains journaux de la presse internationale, affirmant que Nacer Bourita, le ministe des Affaires étrangères, a été dépêché en Israël afin de s'assurer d'un soutien avant le vote de la résolution pour le Sahara Occidental par le Conseil de sécurité. Mi-avril, en dépit du coup de force tenté par l'Arabie Saoudite qui a agi à travers Jared Kuschner (beau-fils de Trump) pour imposer une résolution favorable au Maroc, le Conseil de sécurité reformule l'appel à des négociations directes et renouvelle le mandat de la Minurso pour six mois. Deux semaines plus tard, le ministre marocain des Affaires étrangères annonce la rupture des relations avec l'Iran. Le Hezbollah aurait, selon lui, acheminé des armes au Front Polisario via l'ambassade iranienne en Algérie. Un peu partout, Nacer Bourita multiplie, depuis, des interventions qui tendent à faire accréditer la thèse selon laquelle cette décision relève de la seule décision marocaine. Mais ses propos ont de plus en plus de mal à passer. L'aide fournie par Israël à Rabat dans ce plan est évoquée de plus en plus ouvertement. Les médias ont publié des photos de policiers marocains défilant avec des fusils d'assaut israéliens. Le DESK publie, quant à lui, une analyse pertinente regroupant des faits mettant en avant la réalité de cette situation. Des faits, peut-on lire, destinés à convaincre «que le Front Polisario fait partie de l'axe iranien menaçant autant Israël que le Maghreb». Pour ce, des médias israéliens ont été mis au service du lobby marocain qui, passant par le MAE de ce pays, multiplie des interventions pour faire accréditer ces thèses. Durant ces derniers jours, apprend-on, Nacer Bourita s'est fait interviewer par un journaliste du site internet de la chaîne télévisé Fox News (qui défend Trump) avant que ces propos ne soient repris par Ben Evansky, un journaliste «qui n'est pas étranger au réseau de lobbying des renseignements extérieurs marocains». Dans son article, poursuit la même source, il fait même intervenir un journaliste israélien du New York Post, Beni Avni qui a écrit que «le Polisario une invention de la guerre froide a été abandonné par ses soutiens à l'exception de l'Algérie. Puis entre en jeu le régime iranien qui cherche à exporter la révolution islamiste là où il y a le chaos (...) le Polisario a représenté une opportunité que le régime iranien a voulu exploiter». A quelques jours d'intervalle, Behnam Ben Taleblu, analyste auprès de FDD (Foundation for Defense of Democraties, un organisme appuyé par Americain Israel) publie des écrits allant dans le même sens. Le Desk affirme que le Maroc a obtenu l'appui de FDD et publie des passages de récents écrits parus sur Breitbar, un site d'extrême droite soutenant les thèses marocaines et appelant les Etats-Unis à soutenir le Maroc contre l'Iran. Le site reprend lui aussi l'intervention de Nacer Bourita à Fox News et appuie ses déclarations sur une vieille affaire présentée comme étant la clé de tout le dossier : Kassim Tadjideen un Libanais arrêté en 2017 à Casablanca et présenté comme un activiste du Hezbollah «banquier pour l'Afrique» aurait poussé «Nasrallah à comploter contre le royaume». Le 9 mai dernier, Dore Gold, ambassadeur D'Israël à l'ONU, intervient sur le site Jerusalem Center for Public Affairs et Jewishs News Syndicats et reprend les propos. Le DESK en s'interrogeant si l'opération de charme aura un effet sur Jonh Bolton, conseiller auprès de La Maison Blanche... A. C.