Le recul du chômage des jeunes passe impérativement par les secteurs de la formation professionnelle. Ces derniers ont l'obligation de dispenser un savoir de qualité, afin d'assurer l'employabilité des jeunes chômeurs diplômés, d'une part, et être un moteur de compétitivité pour les entreprises, d'autre part. Aussi, faut-il rappeler que les industries actuellement sont à 80% robotisées et numérisées. Selon certains opérateurs économiques, les jeunes issus des centres de formation professionnelle n'ont pas les compétences requises pour occuper les postes vacants. Et pour cause, ils n'ont tout simplement pas été bien pris en charge durant leur cycle de formation, et encore moins formés aux nouvelles technologies. Les inconséquences de la formation professionnelle pénalisent lourdement les industriels, car ils n'arrivent pas à trouver des travailleurs qualifiés sur le marché national du travail, ce qui contraint les opérateurs économiques à chercher les qualifications parmi les demandeurs d'emploi étrangers, à savoir : Tunisiens, Marocains, Egyptiens, Turcs, Belges, Chinois, etc., pour faire tourner la machine. La Direction de la formation professionnelle et les opérateurs économiques se sont rencontrés le 14 et le 15 du mois en cours, sous le haut patronage de Monsieur le Wali de Bordj-Bou-Arréridj, Salah El Affani, pour aborder la question de la formation à la carte. La question cruciale qui se pose est de savoir si les institutions de formation professionnelle tiendront leurs promesses durant cette période (2018/2020) pour fournir des travailleurs avec un savoir utile qui concourt réellement aux besoin de l'industrie. Pour doper l'activité industrielle, il est nécessaire pour les institutions de formation de mettre en place une politique de formation active et adaptée aux singularités du marché du travail. Il est évident que pour mener à bien cette politique, il faut qu'un débat s'installe entre le binôme entreprises/formation professionnelle de manière ponctuelle. La Direction de la formation professionnelle possède un patrimoine de 19 établissements de formation dont 2 instituts de formation spécialisés, la capacité d'accueil est de 4 750 postes pédagogiques dont 1 210 internes et de 1 476, dont 492 filles répartis en 12 spécialités, etc. La formation professionnelle compte introduire une discipline très importante, la formation des techniciens agricoles qui manque cruellement. A ce titre, les agriculteurs actuellement du monde agricole en Algérie ont pris du grand âge, c'est ainsi que les plus jeunes agriculteurs ont 60 ans d'âge, il y a lieu donc de rajeunir et intéresser les jeunes, pas à coup d'ordonnances et de décrets, mais par un profond changement de mentalité et de culture pour leur faire aimer les métiers d'agriculteur. Le coût approximatif des 4 750 stagiaires avoisine les 50 milliards de centimes par an. Selon l'Anem, le nombre de demandeurs d'emploi jusqu'à fin mai 2018 est de 20 039, le nombre des bénéficiaires du dispositif d'aide à l'emploi (les primo-demandeurs) est de 7 697, pour les bénéficiaires du CTA il est de 1 767, la charge financière approximative supporté par l'Anem est plus de 80 milliards de centimes par an, s'ajoute à cela le placement à l'emploi libre dit classique qui ne bénéficie d'aucun soutien financier de l'Etat et qui est de 5 681. Cependant, il y a aussi une frange importante de la société touchée gravement par le chômage, composée de jeunes filles et de garçons, qui n'ont ni diplômes ni qualification. D'abord, parce que les emplois non qualifiés ont presque disparu. Ensuite, parce qu'une grande partie des travailleurs diplômés s'est mise à accepter des emplois peu qualifiés, ce qui a progressivement relégué les non-diplômés au bout de la file d'attente des demandeurs d'emploi. D'où l'ampleur du chômage pour cette catégorie de jeunes en âge de travailler. L'Anem, qui est par excellence un thermomètre social, déclare un taux de chômage de l'ordre de 7,32% pour une population de 751 578 habitants, population active de 216 558, population occupée de 200 642, pour un nombre d'employeurs de 6 676, à savoir : secteur industriel : 1 228 ; BTPH : 2 054 ; agricole : 65 ; prestations de services : 3 329. Quant à la nouvelle zone industrielle Mechta-Fatima, elle abritera très bientôt 100 industries, et offrira au moins près de 7 000 emplois. Cependant, il est clair que le recrutement devra obéir, et sans appel, à des critères de qualification qui répondent à l'outil de travail ; ceux qui auront la chance de décrocher un emploi seront : les TS en électronique, informaticiens, ingénieurs en mécanique, soit les filières techniques. Et très peu de licenciés en droit, lettres arabes, sociologie, sciences po ; ces derniers risqueront de se voir relégués dans la spirale du chômage. C'est pourquoi il importe de comprendre les raisons d'un tel déclassement et mesurer l'impact social et politique d'un tel phénomène. Tout prête à croire que nos écoles forment des jeunes sans tenir compte du type d'industrie ou de prestations de services en perpétuelle mutation. Pour ces jeunes, le choc est rude, la plupart d'entre eux avaient nourri tant d'espoirs de réussite sociale après leur réussite scolaire. La distorsion entre promesses de la scolarisation et la réalité du monde du travail est amère. Le tout se solde par une grande frustration, à telle enseigne qu'un professeur de l'université d'El Anasser évoque l'émergence d'une «jeunesse déchue», constituée de tous ceux qui, pendant leurs études, ont intériorisé un certain nombre d'aspirations légitimes et qui, arrivés sur le marché de l'emploi, se retrouvent dans l'incapacité de réaliser ces aspirations. Dans le cadre du pré-emploi, certains occupent des postes moins valorisants qu'escompté, moins bien rétribués que leurs collègues titulaires. Ces jeunes diplômés sont nombreux à rencontrer des difficultés pour s'autonomiser financièrement et fonder une famille. Bien qu'adultes, ils dépendent pécuniairement de plus en plus souvent et de plus en plus longtemps de leurs parents. Le chômage trouve son origine dans l'évolution de la structure de l'emploi et celle des flux de diplômés qui sont discordantes. Le niveau de qualification exigé sur le marché du travail est très en deçà de ce qu'offre notre système éducatif. La question est très simple : pouvons-nous continuer de bricoler des mesurettes pour faire survivre un système éducatif et largement perverti ? Ou devons-nous nous attaquer aux fondements de notre système social ? Layachi Salah Eddine