Un méga-dîner, qui a réuni des centaines de personnes tous âges et catégories socioprofessionnelles confondus, a permis de semer, à l'initiative de la commune d'Alger-Centre, la joie, la solidarité, dans une ambiance festive. La rue Didouche-Mourad a été pour cette seconde édition un lieu de convivialité. Dès 18h, la grande avenue s'est transformée en un immense restaurant en plein air. Des dizaines de tables qui n'en faisaient qu'une géante étaient dressées avec minutie, prêtes à recevoir les convives. Femmes, enfants, jeunes et moins jeunes affluaient. La pluie n'a pu dissuader les plus téméraires. Des jeunes hommes en tenue de serveurs, chemise blanche immaculée, nœud papillon et gilet noir, dans un va-et-vient incessant, scrutaient les tables garnies de dattes, petit-lait, hors-d'œuvre. Ils veillaient à ce que tout soit parfait. Des dames élégantes se sont mises sur leur 31 pour la circonstance. Sur le trottoir, des chapiteaux ont été érigés en cuisine où des maîtres se chargeaient de donner les dernières retouches à leurs préparations. Des bénévoles de différentes associations, comme des abeilles dans leurs ruches, se mêlaient aux organisateurs pour leur prêter main-forte. Le président de l'APC d'Alger-Centre, discret, supervisait les opérations tout en répondant aux questions des journalistes. Ce vendredi, la météo n'était pas clémente. A une heure de la rupture du jeûne l'orage gronde, dans un craquement, un éclair fend le ciel et la pluie commence à tomber, au bonheur des petits enfants qui se cachaient sous les tables en rigolant, heureux de manger pour la première fois dans la rue et sous la flotte. Les plus avertis se sont munis de leur parapluie qui leur a servi d'abri tout le long du dîner. Mais à aucun moment nos invités, venus de différentes wilayas, n'ont quitté les lieux. Bien au contraire, ils continuaient d'arriver, le sourire aux lèvres. Avec de grands sacs plastique, nos serveurs ont vite fait de réaliser des capuchons qu'ils ont enfilés, sans discontinuer dans leur élan. Ils apportèrent les soupières fumantes de chorba frik que nos invités se sont empressés de couvrir. D'autres poussaient des chariots où étaient disposées des assiettes de boureks à la viande, et en professionnels, les distribuaient aux hôtes. Lorsque le muezzin appela à la prière du Maghreb, un silence régna sur toute la rue. Tête baissée, les jeûneurs rompirent le jeûne en dégustant une datte accompagnée d'un verre de petit-lait. La pluie ne cessait de ruisseler créant ainsi une ambiance joyeuse où des rires fusaient de partout. La chorba, succulente, à la grande surprise de tous, réchauffaient les cœurs. Certains, trempés, dégustaient le second plat en se léchant les babines. Une ch'titha djedj digne du meilleur cordon-bleu de La Casbah. L'ham hlou, une douceur raffinée et d'une saveur exquise, viendra boucler ce menu royal. Repus, nos invités quitteront la table satisfaits, surtout pour ceux qui découvrent pour la première fois ce méga-dîner. Quelques heures après le f'tour, les automobilistes réinvestissent la rue. Ceux qui n'ont pas participé à ce méga-dîner ne pourraient croire leurs yeux : grâce à nos jeunes bénévoles, pas une seule trace de restes ou de détritus n'était visible.