«Messi est un joueur incroyable, mais il ne peut pas tout faire tout seul» : Luka Modric, un de ses bourreaux, a volé au secours de l'Argentin apparu impuissant jeudi soir face à la Croatie. L'idole de l'Albiceleste, désemparée, n'est pas épargnée par les critiques. Muselé par la Croatie «Dans le football, il faut de l'aide. Messi est un grand joueur, mais il a besoin d'aide», a encore dit le milieu du Real Madrid, auteur d'un superbe but pour crucifier cette Argentine balbutiante (3-0). Et autant Messi avait été en évidence face à l'Islande, malgré son penalty raté qui avait coûté la victoire à son équipe (1-1), autant il a été parfaitement muselé par les Croates jeudi. En première mi-temps, «c'était difficile de passer le ballon à Leo», a reconnu son sélectionneur Jorge Sampaoli. En seconde mi-temps, le joueur âgé bientôt de 31 ans (dimanche) a davantage touché le ballon mais sans pouvoir se défaire de ses cerbères balkaniques... «Au milieu de l'hécatombe argentine, une autre débâcle retient l'attention du monde: celle de Lionel Messi», observe le quotidien argentin La Nacion. «Il y a quelque chose de grave pour le n°10, le meilleur joueur du monde ne peut pas être ce qu'il montre jusqu'à maintenant dans cette Coupe du monde», dit encore le journal. Pendant que «CR7» étincelle... Est-ce parce que la comparaison avec Cristiano Ronaldo est à ce point en défaveur de l'Argentin? La veille, le Portugais avait offert à sa sélection, pas franchement flamboyante, un précieux succès contre le Maroc (1-0). Et au premier match, il avait inscrit un triplé contre l'Espagne, pendant que Messi ratait son penalty... «Cela fait dix ans qu'ils établissent la suprématie du football mondial», a analysé Maxi Lopez, joueur du Torino, cité par le quotidien argentin Olé. «Mais je crois qu'actuellement, Leo sent bien plus la pression des 40 millions d'Argentins, qui espèrent tant de lui. Il y a trop de pression sur Messi». Le niveau de la Pulga en sélection par rapport à celui en club fait régulièrement l'objet de critiques. «Mais on ne peut pas faire de comparaison», poursuit l'attaquant du Torino. «La qualité qu'il y a à Barcelone, elle n'y est pas en Argentine. En sélection, il doit tout faire lui-même et c'est compliqué». Sélection aux abois Mais n'est-ce pas la même chose pour CR7, leader d'une sélection portugaise sans doute moins forte que son équipe du Real Madrid ? La différence est peut-être à trouver au niveau de l'état de confiance: d'un côté, une Seleçcao qui a des repères collectifs et a surtout été confortée par sa victoire à l'Euro-2016. Et de l'autre, une Albiceleste sans plan de jeu, qui reste sur trois défaites consécutives en finale, au Mondial-2014 contre l'Allemagne (1-0 a.p.) puis en Copa America à deux reprises, en 2015 et 2016 contre le Chili. «Les Portugais sont quand même champions d'Europe 2016, avec Ronaldo bien sûr, mais on n'a jamais vu un joueur gagner tout seul», avait ainsi rappelé le sélectionneur portugais Fernando Santos avant d'affronter le Maroc. En Argentine, c'est quand même un peu ce que doit faire Messi. «C'est grâce aux buts qu'il a marqués que nous sommes ici», l'avait défendu mardi le défenseur Cristian Ansaldi, en référence à son triplé contre l'Equateur qui avait qualifié pour le Mondial cette Argentine longtemps pathétique en qualifications. Et maintenant, que faire ? Voilà qui pose la question de la suite de la carrière de l'Argentin, qui, de dépit, avait déjà annoncé une retraite internationale après la deuxième défaite en finale de la Copa America... Avant de se raviser. Avant le coup d'envoi du Mondial, Messi avait conditionné son avenir international au parcours de l'Argentine en Coupe du monde. «Cela dépend de jusqu'où nous allons aller, de comment nous allons finir», avait dit l'Argentin dans une interview au quotidien espagnol Sport. Il reste un match à l'Argentine et à Messi, le 26 juin contre le Nigeria, pour tenter de faire durer ce qui ressemble fort au dernier Mondial de la «Pulga». Mais le constat de Modric vaudra là encore, Messi ne peut pas tout faire tout seul.