Le Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine refuse que le pharmacien soit pointé du doigt par rapport aux cas de fraudes dans l'utilisation des cartes Chifa. A l'origine de la colère du syndicat, le lancement par la Cnas d'une campagne de sensibilisation relative à l'utilisation frauduleuse des cartes de remboursement Chifa et les déclarations qui veulent associer le pharmacien à ces cas de fraudes. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Une large campagne est menée depuis quelques jours par la Sécurité sociale, pour attirer l'attention des assurés sociaux sur leur responsabilité personnelle, quant à l'utilisation de leur droit dans le cadre du tiers payant et de la carte Chifa, notamment lorsque cette carte est utilisée par des tierces personnes. La campagne en elle-même ne pose pas de problème pour le Snapo qui se positionne autant qu'une antenne des caisses de la Sécurité sociale, selon M. Mourad Chabounia, président par intérim du Snapo. Or, dénonce-t-il, certains responsables de la Cnas font de mauvaises interprétations. Lesquelles peuvent prétendre que le pharmacien soit derrière les cas de fraude de l'utilisation des cartes Chifa. «Malheureusement, certaines déclarations portent préjudices à l'image du pharmacien et de la profession», estime le syndicat qui rappelle que plus de 11 000 pharmaciens sont conventionnés avec la Cnas et la Casnos et que «grâce à leurs efforts et à leur engagements que plus de 39 millions d'Algériens bénéficient du tiers payant et de leur médicament dont les malades chroniques, retraités, et leur ayants droit». Le Snapo explique dans un communiqué rendu public que «face à la pénurie de médicaments, et face aux revenus insuffisants de la majorité des assurés sociaux , qui, souvent, sont dans l'incapacité de s'acquitter des frais engendrés par le tiers payant, le tarif de référence, le paiement des 20% du taux d'assurance non pris en charge par la Sécurité sociale, ou le paiement des médicaments non remboursables, le citoyen prie le pharmacien de lui remettre l'intégralité de ses médicaments tout en lui confiant sa carte Chifa en attendant qu'il procède au payement de ses dettes». Ces dettes, poursuit le syndicat, qui «mettent le pharmacien dans une situation encore plus délicate, car la situation économique de l'officine ne fait que se dégrader, suite à l'érosion des marges et à l'augmentation des charges engendrées par le tiers payant. Ceci pour ne citer que ces deux facteurs pesant lourdement depuis des années sur l'économie de la pharmacie algérienne». Le Snapo rappelle également que le système Chifa a réussi grâce à l'engagement sans réserve des pharmaciens algériens, qui ont, de plus, adhéré pleinement à la politique nationale, consistant à encourager le médicament générique et à la promotion du médicament de fabrication nationale. il souligne aussi que le pharmacien d'officine n'est pas le seul intervenant dans le système du tiers payant et les cas de fraude des professionnels de santé restent extrêmement limités, et s'il en existe, les pharmaciens d'officine, ainsi que leur syndicat, le Snapo, s'en disculpent et s'en désolidarisent. Le représentant des pharmaciens explique également que l'assuré social reste l'unique responsable de l'usage de sa carte Chifa et le pharmacien d'officine est un professionnel de santé, seul dispensateur du traitement, «qui respecte ses engagements conventionnels et continuera à prendre en charge ses patients avec humanité et avec toute sa conscience professionnelle». Pour rappel, la Cnas a déclaré que 1 500 cartes Chifa ayant fait l'objet d'utilisation frauduleuse avérée ont été bloquées au niveau de la capitale. Cette pratique de consommation abusive de médicaments a fait perdre près de 10 millions de dinars à la Cnas, selon les responsables de la caisse. S. A.