La ministre de l'Education nationale s'est réunie hier avec les syndicats autonomes de son secteur. L'objectif étant d'écouter les préoccupations du partenaire social afin d'assurer une année scolaire stable. Les syndicats, eux, qui ne voient toujours pas leurs dossiers pris en charge, dressent un état des lieux lamentable de l'école algérienne et estiment que «toutes les conditions sont réunies pour que l'année scolaire soit perturbée». Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - La ministre de l'Education nationale a ouvert plusieurs chantiers cette année. Cependant, ses projets risquent d'être hypothéqués si les syndicats du secteur décident de mouvements de protestation. Pour supprimer le risque, elle a réuni hier les dix syndicats autonomes de son secteur et les deux associations des parents d'élèves. Benghabrit qui veut se garantir une année stable a déjà assuré qu'elle acceptait toutes les listes de préoccupations des syndicats. Mais faudra-t-il encore les satisfaire, souligne le partenaire social qui dénonce la surcharge des classes, l'état lamentable des établissements, le manque de moyens et de formation des enseignants, le retard dans l'application du nouveau statut particulier, le retard dans le renouvellement du bureau de la commission des œuvres sociales, ou encore l'absence de la médecine du travail dans tous les établissements en raison du manque d'équipements. Idir Achour, porte-parole du Conseil des lycées d'Algérie estime que les conditions ne sont pas réunies pour la réussite de l'année scolaire. D'ailleurs, il n'exclut pas un retour à la protestation. «Les problèmes soulevés l'année dernière sont encore sur la table de discussions sans résultat», dit-il. Même constat chez le Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique. Meziane Meriane, coordonnateur du Snapest qui relève le manque de moyens pédagogiques et d'encadrement, dit qu'il faut avoir «les moyens de sa politique». Le budget alloué au secteur, dit-il, ne peut pas répondre aux besoins des neuf millions d'élèves scolarisés. M. Meriane qui relève aussi l'état «lamentable» de certains établissements dit ne pas pouvoir donner des engagements pour une année scolaire stable. «Nous ne pouvons pas donner des assurances avant que tous les problèmes soient solutionnés et que tous les dossiers soient pris en charge et cela dépend de la volonté et du regard que portent les pouvoirs publics sur nous comme partenaire social», dit le syndicaliste qui relève aussi le grand taux de redoublements et d'exclus. Ces derniers, estime M. Meriane, se retrouvent dans la rue en l'absence de passerelles entre l'école et les centres de formation professionnels. Même avis également chez le syndicat du Satef. Son président Boualem Amoura qui estime que cette année est l'année de la surcharge par excellence, dit que «vu tous les problèmes où baigne l'école rien n'augure pour une année stable». M. Amoura dit que la ministre parle d'une école de qualité mais pour y arriver, il faudrait mettre les moyens. Or, relève-t-il, le budget alloué au fonctionnement des établissements scolaires a été réduit de 60% depuis janvier 2017. Le budget alloué au secteur, dit-il, est certes le deuxième après celui de la défense, mais il reste insuffisant puisqu'une partie majoritaire est destinée à payer les salaires des 750 000 fonctionnaires et le reste ne peut pas répondre aux besoins des neuf millions d'élèves. Le syndicat estime aussi que l'on ne peut pas atteindre une école de qualité à travers des solutions comme les chalets. La ministre de l'éducation doit visiblement redoubler d'efforts pour convaincre les syndicats de ne pas déstabiliser l'année scolaire. S. A.