De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari A Bruxelles, l'on note que des satisfactions quant à la reconnaissance par Macron de la responsabilité de la France dans l'enlèvement, la torture puis la disparition-assassinat de Maurice Audin. Les universitaires, nombreux dans la capitale européenne qui se sont intéressés à la guerre d'Algérie, ne manqueront pas, c'est évident, d'analyser le tourment du 13 septembre 2018. C'en est un, pas de doute là-dessus. Le Président Français, à qui on peut reprocher des tas de choses, mais pas le manque d'habilité et d'intelligence, sait parfaitement qu'en pistant l'horrible crime commis contre Audin, il ouvre la voie vers la reconnaissance des crimes commis par le colonisateur. Ça ne peut pas être autrement. Impossible. Ça l'est, d'autant moins que Macron avait déjà émis des signaux forts dans cette direction lorsqu'il était en campagne éléctorale. Le locataire de l'Elysée avait, en effet, parlé de «crimes contre l'humantié» commis par la France en Algérie, la levée de boucliers qui s'en était suivie n'a pas pour autant forcé Macron à la «repentance». Il n'en a plus parlé, c'est tout. En attendant des opportunités meilleures ou en les suscitant. Ce qu'il fit avant-hier. En rendant visite à l'épouse de Maurice Audin pour lui annoncer la nouvelle, le Président Français a rendu un texte public dont la teneur ne fait plus aucun doute sur ses intentions. Extraits un système «mis en place dans le sillage des pouvoirs spéciaux, ndlr) dont les gouvernements successifs ont permis le développement : Le système appelé «arrestation-détention» à l'époque même, qui autorise les forces de l'ordre à arrêter, détenir et interroger tout «suspect» dans l'objectif d'une lutte plus efficace contre l'adversaire...» Macron fera une autre révélation lors de son passage à Bagnolet pour y rencontrer Fosette Audin, veuve de Maurice, courageuse, humaine, héroïque. «Les archives de l'Etat qui concernent écrit-il ‘'les disparus de la guerre d'Algérie puissent être librement consultées et qu'une dérogation générale soit instituée en ce sens». L'Association Maurice Audin voit là s'ouvrir une vraie brèche dans sa quête de la vérité et son travail de mémoire. Il y a quelque temps, ici, même, à Bruxelles, un collectif de chercheurs universitaires, d'enseignants, de militants anti-colonialistes avait proposé un mémoriel en hommage à Maurice Audin et les autres disparus pendant la colonisation française. C'était à l'occasion d'un colloque sur la vie et l'œuvre de Frantz-Fanon. Le choix de Bruxelles pour cette grande initiative s'explique aisément. Bruxelles est la capitale de l'Europe et parmi les grands colonisateurs, on dénombre plusieurs pays de cet espace. France, Espagne, Portugal, Pays-Bas, Angleterre et la Belgique... Place Maurice-Audin dans la capitale européenne ? Oui, ça ne serait que justice... Le 13 septembre 2018 ouvre la voie vers la reconnaissance par la France de ses crimes coloniaux... A Bruxelles, on le sait bien... A. M.