C'est dimanche sur les coups de 18 h que s'est ouverte la 9e édition du Festival international de théâtre de Béjaïa au Théâtre régional de Béjaïa. Cette salle qui, depuis 9 ans, a accueilli des dizaines de troupes de tous les pays du monde, et sur laquelle planent les ombres de Malek Bouguermouh et de Djamel Allam, a encore servi pour le décorum de l'inauguration de cette édition qui s'est donné un angle thématique avec pour intitulé «Paroles de femme». Après l'intervention d'un représentant de l'APC puis de celui de l'APW, la parole est revenue au nouveau commissaire du festival, nommé au mois d'avril dernier, le célèbre homme de théâtre, dramaturge et comédien, Slimane Benaïssa. Son court laïus porte ce qu'on appellerait le style Benaïssa, une sorte de réalisme transgressif dynamique. Slimane Benaïssa étrenne sa nouvelle mission à la tête de ce festival en rendant hommage à son prédécesseur, Omar Fetmouche. Il soulignera aussi que le théâtre, dans lequel il baigne en Algérie et à l'étranger depuis le début des années 1970, est par excellence le lieu de rencontre nécessaire entre les différentes composantes du pluralisme culturel. Il reviendra comme il se doit au wali de Béjaïa de prononcer l'ouverture officielle du festival. Dédié à la mémoire de Djamel Allam, ce festival comportera aussi un hommage à l'immense Sid- Ahmed Agoumi dont le parcours dans le monde de la culture est fructueux depuis près de 60 ans. Comédien de théâtre et de cinéma, Sid- Ahmed Agoumi a contribué grandement à l'élévation des exigences de qualité dans le monde de la culture algérienne. Pour cette neuvième édition, le programme comporte huit pièces en provenance d'Algérie, de Tunisie, d'Egypte, de France et de Suisse. Elles ont en commun de porter des paroles de femmes, selon le thème choisi par le comité d'organisation. Dans le hall du théâtre de Béjaïa, une exposition de photos, de coupures de presse et de pochettes d'albums rappelle le parcours fulgurant de l'enfant terrible de Béjaïa, le chanteur et poète Djamel Allam. Artiste complet, Djamel Allam a touché aussi au cinéma et fréquentait assidûment le théâtre, en particulier le Théâtre de Béjaïa. Le soir même, première représentation d'une pièce au Théâtre régional de Béjaïa : Hzam El Ghoula. Mise en scène par Mouhoub Latrache, cette pièce a une histoire. A l'issue de ses études de théâtre en URSS, feu Malek Bouguermouh, premier directeur du TRB, l'a adapté de La quadrature du cercle, une œuvre de Valentine Pétrivich Kataev datant de 1926, pour en faire sa thèse de fin d'études. Puis, elle a été adaptée de nouveau par Omar Fetmouche, l'ex-directeur du TRB et ex-commissaire de ce festival, elle date aujourd'hui de plus de trente ans. La réception du spectacle, apparemment bien rodé puisque ça fait plusieurs semaines qu'il est donné, est très mitigée parmi le public. Entre l'enthousiasme et la réserve, la palette de réactions est assez large. L'histoire est celle de deux amis qui, faute de logement, habitent dans une cave, au milieu des tuyaux d'eau, de gaz, d'électricité. Les gens des tuyaux qui s'entendent très bien préparent, chacun de son côté, son mariage mais sans informer le «colocataire» de la venue prochaine de l'épouse. Finalement, ils finissent par devoir cohabiter en tant que couple et pour gérer l'espace litigieux, ils font appel à un fonctionnaire qui doit distribuer la propriété spatiale le plus équitablement possible. L'un des deux amis, bigot, voudrait que l'espace de son tapis de prière ne soit pas comptabilisé. Frictions de la cohabitation, mais aussi petit à petit frictions dans les couples respectifs qui finissent, dans un rebondissement plutôt surprenant, par s'intervertir. Au passage, on égrène quelques maux qui rongent la société algérienne. La pièce aurait pu être davantage attachante si elle avait eté un peu plus économe de tirades parfois prolixes et si les comédiens ne cédaient pas à la tentation de séduction du public. Un festival qui néanmoins promet. On pouvait apercevoir parmi les invités les grands comédiens Omar Guendouz et Mustapha Ayad. A. M.