Les prix du pétrole qui ont atteint 86 dollars il y a un mois ont chuté de 15% à l'approche de l'entrée en vigueur des sanctions américaines à l'encontre de l'Iran qui sont censées les faire augmenter davantage. L'assassinat du journaliste saoudien Khashoggi a changé la donne. Hier dans la mi-journée, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier valait 73,13 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 24 cents par rapport à la clôture de jeudi mais, 15% de moins qu'il y a un mois, quand le baril a franchi la barre des 85 dollars, leur plus haut niveau depuis quatre ans. Idem pour le baril de light sweet crude pour le contrat de décembre qui cédait 6 cents à 63,63 dollars dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Soit près de 20 de moins puisque cette variété caracolait à 75 dollars. La tendance était à la hausse à cause de la chute de la production vénézuélienne et l'approche de l'entrée en vigueur des sanctions américaines à l'encontre de l'Iran devaient en principe faire flamber les prix. Or, l'on enregistre à deux jours de l'entrée en vigueur des sanctions américaines (prévue le 4 novembre) une baisse significative des prix du pétrole dans les échanges mondiaux à travers toutes les bourses des matières premières. Selon Hussein Sayed, analyste chez FXTM, «les marchés auraient déjà intégré sur les derniers mois l'idée d'une baisse des exportations d'un à 1,5 million de barils». Et d'ajouter que «certains membres de l'Opep auraient dopé leur production à leur plus haut niveau depuis deux ans en octobre et les stocks américains de brut grimpent depuis six semaines, et que la demande n'est pas resplendissante». Aussi, a indiqué Michael Hewson, analyste chez CMC Markets, citant une information de l'agence Bloomberg, «les Etats-Unis auraient accordé des exemptions à huit importateurs de pétrole iranien», donnant un coup de grâce aux prix de l'or noir. Il convient en tout cas de souligner que c'est surtout l'annonce récente de l'Arabie Saoudite qui souhaite augmenter sa production qui a fait de nouveau reculer les prix. L'Arabie saoudite qui a épousé la démarche de l'Opep et autres pays producteurs organisant la baisse de l'offre pour maintenir les prix à un niveau élevé a revu sa position dans le sillage de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi et les pressions exercées par les Etats-Unis pour faire la lumière sur les conditions de sa mort. Dans ce contexte, le président américain a exprimé son souhait de voir l'Arabie saoudite augmenter sa production pour compenser les exportations iraniennes qui devraient baisser du fait des sanctions. Ainsi, le marché s'est calmé, rassurant les pays émergents dont les économies ne s'accommodent pas avec un dollar fort et une énergie chère, deux facteurs qui influent négativement sur leur croissance et donc sur la demande mondiale de l'or noir. C'est que les pays exportateurs de pétrole, y compris les Etats-Unis, ont intérêt à ce que le cours du baril diminue pour pouvoir continuer à le vendre. Et c'est une vision que partagent Trump, le FMI et l'Agence internationale de l'énergie lesquels trouvent qu'un baril à plus 80 dollars ne serait pas bon pour la santé de l'économie mondiale. L. H.