De nouveaux éléments se mettent progressivement en place dans le monde politique offrant davantage de visibilité dans l'évolution des évènements liés à l'échéance de 2019. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Ces éléments viennent cette fois-ci d'une partie intimement insérée dans les cercles réputés proches du pouvoir et sur lesquels se base ce dernier dans sa démarche décisionnelle. Amar Ghoul vient d'appeler à l'organisation d'une conférence de consensus national inclusive sous l'égide du président de la République. Officiellement, l'initiative a pour objectif d'offrir un cadre de débat autour de toutes les grandes questions nationales et de réunir tous les Algériens autour d'une même démarche pour «une nouvelle Algérie». Le responsable du TAJ, mouvement politique membre de la coalition présidentielle, réputé pour ne s'avancer que sur les terrains sûrs, explique, ensuite, que la sensibilité de la situation en cours relègue les élections à venir à un plan «secondaire» et ne ferme en aucun cas la porte «aux autres initiatives». Lesquelles ? Contacté, le porte-parole du parti s'est exprimé en ces termes, hier : «Nous entendons, dit-il, beaucoup de rumeurs, de choses qui se disent un peu partout au sujet de la présidentielle, on parle de report, de prolongation du mandat présidentiel en cours, nous, on ne sait rien, mais si les parties que nous invitons à prendre part à cette conférence soulèvent le débat eh bien, nous en débattrons. La porte est ouverte à toutes les discussions car la situation le demande. Le pays est face à de gros problèmes, économiques, sociaux, il y a la drogue, les harragas, nous devons tous dépasser nos divergences afin de parvenir à réunir toutes les forces existantes.» La même source indique que le cadre officiel offert à cette initiative est le congrès que TAJ s'apprête à tenir et que des invitations officielles ont commencé à être envoyées à tous les «partis agréés, les partenaires économiques, sociaux…» Amar Ghoul vient-il de fournir les premières réactions recherchées par les initiateurs des appels lancés en faveur d'une prolongation du mandat présidentiel en cours ? Attentifs aux moindres éléments permettant de prendre la température, ces derniers ont, en apparence, matière à moudre. Dans l'entourage de Moussa Touati et de Abderrezak Makri, l'heure était, de toute évidence, à l'attentisme, ces derniers étant toutefois confortés (il y a quelques heures encore) de ne pas avoir enregistré de rejet catégorique de l'option soumise à débat. L'appel en question était, il faut le dire, au centre de l'actualité ces derniers jours. Les propos du responsable du FNA (Front national algérien) ont été appuyés par le leader du MSP qui a eu à s'exprimer par deux fois sur le sujet au cours de la semaine écoulée. Intervenant sur sa page Facebook puis sur son compte Tweeter, Abderrezak Makri a insisté sur la nécessité d'entamer des discussions sérieuses sur la situation en cours la jugeant dangereuse au point de nécessiter une réflexion portant sur la possibilité d'un report de l'élection présidentielle. Jusqu'à l'heure, aucun des acteurs politiques en question n'a, cependant, offert d'éléments de réflexion permettant d'entrevoir les bases juridiques ou autres pouvant permettre la concrétisation d'une telle idée. Selon des sources proches de ces milieux, il semblerait que la réflexion soit portée sur la nécessité de mettre en place une démarche qui permettra de légitimer le fait par consensus. Exactement ce que semble dire Amar Ghoul en filigrane. Non seulement ce dernier fait savoir que la conférence à laquelle il appelle ne ferme pas la porte «à tout ce qui se dit» mais tient à préciser qu'elle se tiendra sous le patronage du président de la République, désireux, en d'autres termes, de voir «l'unification des rangs» s'opérer pour dépasser l'impasse actuelle. C'est la mission dont semble aussi investi le nouveau responsable du FLN. Propulsé de manière inattendue au-devant de la scène politique, Moad Bouchareb semble incarner l'homme chargé d'opérer un changement de cap qui semble déjà en cours, d'ailleurs. Depuis son arrivée, ce dernier œuvre davantage à la réunification des rangs d'un parti miné par les dissensions internes et semble très peu disposé à s'épancher sur le sujet de la présidentielle. Depuis son arrivée à la tête du FLN, il ne s'est pas exprimé de manière ouverte sur la candidature de Bouteflika, préférant utiliser le mot «soutien». Au terme de la rencontre qui s'est déroulée mardi après-midi avec un ancien secrétaire général du FLN, Moad Bouchareb a rappelé que «le Président est encore là et que son mandat n'a pas expiré (…)». Sa position tranche de manière très évidente avec celle de Ould-Abbès qui a fait de la présidentielle son cheval de bataille depuis l'été dernier. D'abord prudent, puisqu'il a invité les journalistes à faire la nuance entre un appel à la candidature et la «continuité», il a paru s'emballer quelques semaines avant son départ en annonçant ouvertement la candidature de Bouteflika à un cinquième mandat. Le RND et les autres membres de la coalition n'ont pas suivi comme à l'habitude, préférant garder une ligne de démarcation évidente. Le président du MPA (Mouvement pour l'Algérie), Amara Benyounès, est demeuré et demeure jusqu'à l'heure le seul membre de la coalition à ne pas s'être exprimé sur les élections à venir, indiquant que le moment ne s'y prête pas. Le fait a été inévitablement perçu et analysé comme étant le reflet des incertitudes qui planent actuellement. Lors d'une récente sortie, Amara Benyounès a ajouté que «le Président sait sur qui compter lors des moments difficiles». Contrairement à ce qui aurait dû se produire, le débat en cours sur la scène politique s'est écarté de manière très visible de la présidentielle de 2019 en termes de préparatifs et de programmes à présenter. Le consensus recherché pourrait se situer à un autre niveau… A. B.