Le 13e Festival national du théâtre professionnel s'est clôturé lundi à Alger sur un palmarès qui ne fait pas l'unanimité chez de nombreux participants et spectateurs. Présidé par Hacen Tlilani, le jury a fait certains choix contestés notamment en ce qui concerne le prix de la mise en scène. Dix-huit pièces étaient en compétition dans cette 13e édition à raison de deux spectacles par jour. Une sélection inégale qui a vu le passage sur la scène du TNA d'œuvres sans envergure et d'autres gorgées d'une créativité et d'un souffle artistique qui ont conquis public et critiques. Le jury composé de l'universitaire Hacen Tlilani, la comédienne Nesrine Belhadj, le plasticien et scénographe Arezki Larbi et les metteurs en scène Mohamed Cherchal et Djamel Abdelli, a fait part d'une série de critiques et de recommandations dont l'absence de créativité et d'identité dans certaines pièces, le manque de rigueur de certains théâtres régionaux et leur précipitation dans la production de pièces dans le seul but de participer au festival, le recyclage d'anciens spectacles sans le moindre effort d'adaptation ou de nouvelles formes, le recours abusif à la pitrerie et le discours direct et, infantilisant ainsi le public. Le jury recommande donc la mise en œuvre effective de l'article 4 du règlement intérieur du festival qui exige une présélection rigoureuse par un comité composé de professionnels du domaine et l'abandon du principe de sélection systématique des spectacles proposés par les théâtres régionaux. Très applaudies, ces recommandations franches et directes sont pourtant en totale contradiction avec le palmarès. En effet, la pièce «Macbeth» de Ahmed Khoudi d'après le texte de Ionesco produite par le Théâtre national algérien, rafle deux prix (la meilleure interprétation féminine et le prix de la mise en scène) alors qu'elle réunit justement tous les travers soulignés par le jury, allant de l'humour trivial et sans reliefs à une mise en scène plate et impersonnelle en passant par une interprétation déclamatoire et sans caractère. La consécration de la pièce a d'ailleurs été abondamment huée par l'ensemble du public. L'exclusion, par ailleurs, de la pièce «Nuit» de Haroun El Kilani (Théâtre régional de Constantine) a surpris plus d'un tant elle a séduit et convaincu nombre de critiques et de festivaliers tout en remportant l'adhésion du public. Ce metteur en scène connu pour ses créations complexes, son audace formelle et la profondeur de ses thématiques, a vu son nom scandé par une bonne partie de l'assistance qui a ainsi dénoncé la marginalisation méthodique de cet artiste aux talents multiples. Le jury a, par ailleurs, décerné le prix de la meilleure interprétation masculine à Mohamed Houas pour son rôle dans «Un voleur et des traîtres» (Théâtre régional de Djelfa) qui a également obtenu le prix du jury. Benyoucef Djamel remporte quant à lui le prix de la meilleure scénographie pour la pièce «Hanine» (TR Mascara) tandis que la distinction du meilleur texte revient à Lyès Mekrab pour «Juba II» (TR Tizi-Ouzou). Les compositeurs Djamel Kaloun (TR Tizi-Ouzou) et Zami (TR Annaba) se partageront le prix de la meilleure création musicale. Quant au Grand Prix du festival, il reviendra à «Baccalauréat» de Azzedine Abbar. S. H.