Khalti Yamina, 71 ans, plusieurs fois grand-m�re, est sur des charbons ardents. Dans leur petit F2 � Belcourt avec ammi Mohamed son �poux, et leur fille, ils attendent, les nerfs � fleur de peau, le coup d�envoi du match Alg�rie�Etats-Unis. Na�ma Yachir - Alger (Le Soir) - La mani regarde l�heure, il est 14h30. �Il ne reste plus qu�une demi-heure. En g�n�ral, je n�aime pas trop regarder l�Alg�rie quand elle joue contre des �quipes �trang�res, cela m��nerve, me stresse et ce n�est pas bon pour mon c�ur.� Elle l�ve les bras au ciel et prie : �Que Dieu soit avec notre �quipe et notre pays. Qu�elle gagne le match. Que Dieu ouvre les portes du bien.� Son �poux, pour la taquiner, lui lance : �Moi, je veux que les Etats- Unis remportent la victoire.� Exc�d�e, elle r�torque : �Oh ! non, ne pr�dis pas le malheur.� 14h45 min. �Oh ! mon Dieu, dans un quart d�heure, le match va commencer. � Elle se mord les l�vres et fait des pri�res. Aid�e de sa fille, elle pose une me�da dans le salon, la couvre d�une toile cir�e et la garnit d�un plateau o� sont dispos�s des verres � th�, de la limonade, du jus, des g�teaux et des fraises. A l��coute de l�hymne national, elle dit une pri�re, les larmes aux yeux, et r�p�te �Oh ! Dieu, faites que notre drapeau se hisse au Mondial.� Elle prend place sur un matelas, les yeux accroch�s � l��cran, elle suit l�EN, � chaque balle dangereuse de l��quipe adverse, elle ferme les yeux et murmure : �Mon Dieu, soyez avec nous, je ne veux pas voir, c�est trop dur pour mes nerfs.� Le danger pass�, elle ouvre ses yeux et donne des petites tapes nerveuses sur ses cuisses. Ne contenant plus ses �nervements, elle donne le dos au t�l�viseur en tripotant les fils d�un coussin. Son �poux lui rappelle : �Il faut que nous marquions deux buts pour passer au second tour.� �Oh ! non, ne me dis pas cela, moi j�ai entendu quelqu�un dire qu�il nous suffit de marquer 1 seul but.� Lorsque les Am�ricains marquent le but en hors-jeu, elle lance un cri : �Oh ! quel malheur !� Sa fille, sto�que, la rassure : �Non, c�est un hors-jeu.� �Ouf ! J�ai eu chaud. Oh ! mon Dieu, soyez avec nous, que la balle s��loigne des bois alg�riens.� Malgr� le stress et la nervosit�, khalti Yamina n�oublie pas les bons gestes de l�hospitalit�. Elle nous sert encore du th� : �Fais-moi plaisir ma fille, prends un g�teau.� Elle quitte un moment la pi�ce, puis revient. �Je n�ai rien rat�, les Am�ricains ont encore failli marquer !� En voyant les balles d�gag�es par le gardien de but alg�rien M'Bolhi, elle s�exclame, le souffle coup�, �heureusement que nous avons un bon gardien de but. Merci mon Dieu !� Elle prend un prospectus qui tra�nait sur le matelas, le froisse l�g�rement en suivant une action dangereuse des Am�ricains contre l�EN. �Oh ! mon Dieu, Oh ! ma m�re, je ne peux pas voir �a, j�ai mal au c�ur.� Elle se l�ve, s��vente avec le d�pliant et va dans la chambre d�� c�t�. Elle se met debout sous le cadre de la porte. L�arbitre siffle la fin de la premi�re mi-temps. Le score 0 � 0. D��ue, elle s�exclame : �Ils auraient d� marquer � la premi�re p�riode. Maintenant, ce sera difficile de gagner. Mais on ne sait jamais, Dieu est avec les Verts.� Elle profite du quart d�heure de pause pour se diriger vers la cuisine. �Je vais prendre mon m�dicament contre l�hypertension.� Elle reprend sa place, et comme pour se calmer et se donner du courage, elle dit : �Oh ! et si on ne gagne pas, on ne sera pas les seuls, c�est �a le foot !� �Vous n��tes pas nerveuse vous, tant mieux, je ne sais pas comment vous faites. Moi, j�ai h�te que la partie finisse. Mes nerfs ne tiennent plus, et ils osent dire que les Am�ricains ne savent pas jouer. Regardez, les Alg�riens commencent � se fatiguer et ce n�est pas bon signe�. Elle s�adresse � sa fille, qui, un crochet � la main, r�alise un napperon. �Il reste combien de temps ?� �Plus de 10 minutes.� �Oh ! mon Dieu, ce sont les minutes les plus longues du match et j�ai toujours peur que l��quipe adverse marque.� Elle sort du salon, va dans la pi�ce � c�t� et fait sa pri�re. Elle termine en priant Dieu pour que l�Alg�rie gagne. H�las, Dieu n�a pas r�pondu � ses pri�res. Les Am�ricains marquent dans les temps additionnels. Elle est accroupie, quand elle entend sa fille crier : �Les Am�ricains ont remport� la partie !� �Oh ! je savais. Voil� maintenant les Am�ricains qui dansent. Oh ! quel dommage ! Que voulez-vous, c�est cela le ballon. Il faut un gagnant et un perdant. Dommage !�