«Pardon», «désolé», «je m'excuse», «je me suis trompé». Pour bon nombre de personnes, ces mots sont très difficiles à prononcer. Reconnaître ouvertement leur faute leur écorcherait la bouche. Par manque de courage, peur de paraître ridicule ou de mettre à mal leur fierté, ils préfèrent se murer dans le silence. Zaina, 45 ans «En 17 ans de mariage, je n'ai jamais entendu mon époux s'excuser auprès de moi lorsqu'il était fautif. Il est tellement orgueilleux qu'il ne peut admettre ses erreurs. C'est très rageant comme situation. Au début de notre mariage, j'espérais entendre des mots d'excuse de sa bouche lorsqu'il avait mal agi avec moi. Mais ces paroles ne sont jamais venues. Sans doute une fierté mal placée qui fait du mal à notre couple. Il m'arrive de bouder et de refuser de lui adresser la parole pendant plusieurs jours, en espérant le faire réagir. Mais il n'admet jamais ses erreurs. Dire ‘'désolé'' ne lui viendrait jamais à l'esprit. C'est dans son caractère. On en a discuté à plusieurs reprises. Je ne pense pas qu'il changera un jour.» Maya, 37 ans «Je ne suis pas du genre à demander pardon lorsque j'agis mal envers les autres. Par peur d'être rabrouée ou humiliée, je me complais dans le silence. Toutefois, j'essaye toujours de me racheter autrement. Par une gentille attention ou un petit cadeau par exemple. Sans doute est-ce dû à ma vanité ou mon orgueil ! Essayer de rattraper le coup en faisant des cadeaux ne passe pas toujours. J'ai perdu bon nombre d'amis à cause de ce fichu trait de caractère.» Yahia, 47 ans «Dans ma vie de couple, je suis celui qui a tendance à m'excuser lorsque j'agis avec impulsivité et que je découvre, par la suite, que j'ai fait fausse route. Je n'ai aucun souci pour reconnaître que je fais fausse route. Un large champ lexical existe. ‘‘J'ai eu tort'', ‘‘veux-tu me pardonner ?'', ‘‘je suis navré''... C'est humain de se tromper, mais c'est trop bête de ne pas l'admettre. Avec ma femme, non seulement je formule des mots d'excuses, mais je culpabilise tellement que cela me joue sur le moral. Pour me racheter, je l'invite au restaurant ou lui offre un cadeau. Mais elle ne me ressemble vraiment pas. Elle est tout mon contraire Ma compagne n'admet jamais ses erreurs. Elle campe sur ses positions et ne prononce jamais le mot ‘‘pardon'', même si elle sait qu'elle s'est trompée.» Samira, 38 ans «Je pense que pardonner à l'autre n'est pas aussi facile que ça. Cela dépend des cas. Si c'est juste à cause d'un mot blessant lâché dans un moment de colère, ce n'est pas grave. Toutefois, il y a des fautes plus graves, comme la trahison d'un mari envers sa femme par exemple. Personnellement, j'ai très mal vécu les infidélités de mon conjoint. En dépit de toutes les preuves que j'ai eues entre les mains, il a toujours nié les faits. Le jour où j'ai décidé de partir, il s'est décidé à me demander pardon. Il a reconnu ses égarements et voulu me reconquérir. Mais le mal était fait. Ses excuses sont arrivées trop tard. Pardonner, c'est avoir la capacité d'effacer tout le mal qu'on a pu nous faire. Je n'ai pas cette capacité, pas pour un sujet aussi important que les liens sacrés du mariage. Pour retrouver ma sérénité, j'ai préféré mettre un point final à ma relation conjugale.» Khaled, 27 ans «Je trouve que c'est rabaissant et humiliant de dire ‘‘je me suis trompé. Veux-tu me pardonner ?'' Je ne fonctionne pas comme ça. Par fierté, ou par manque de courage, je préfère me taire, même quand je réalise que j'ai eu tort. Je me rappelle avoir accusé injustement un copain de m'avoir volé mon argent. Par la suite, j'ai retrouvé mon portefeuille. J'ai eu envie de m'excuser, mais je n'en ai pas eu la force. Même si au fond de moi-même j'ai ressenti de la honte et du dégoût envers moi, j'ai préféré garder le silence. A mon avis, demander pardon est une qualité que très peu de gens peuvent se targuer d'avoir.» En amour comme en amitié, pas toujours facile de demander pardon lorsqu'on fait fausse route. Honte, humiliation, fierté vrillent la langue à l'heure du pardon. Et pourtant, ne dit-on pas «faute avouée est à moitié pardonnée» ? A méditer.