Enorme mobilisation des marcheurs de l'acte 6 de la révolution du 22 février à Boumerdès-Ville. Ils étaient des dizaines de milliers à marcher, en famille, avec femmes et enfants, dans la bonne humeur, dans la ville de Boumerdès et il faudrait compter probablement par centaines de milliers si l'on inclut la mobilisation des citoyens dans les communes de ce département lesquels citoyens ont organisé leur marche localement. «Si la marche du 22 février est importante pour avoir cassé le mur de la peur, elle a en outre permis au peuple algérien de dire au régime qu'il a assez fait de dégâts au pays et qu'il est temps qu'il parte, celle d'aujourd'hui met définitivement l'Algérie sur le chemin de la démocratie. Elle survient, en effet, dans un contexte tout à fait particulier. La révolution du 22 février a avancé en arrachant des victoires, mais la veille de ce 29, elle se trouvait à la croisée des chemins. C'est, en effet, une journée cruciale. En tout cas, la population de Boumerdès l'a réussie brillamment», nous confie un marcheur visiblement heureux de cette énorme mobilisation. «C'est la marche de la rupture avec le régime installé au pouvoir depuis 1962.» En plus des slogans habituels, la foule, notamment les jeunes, s'est montrée inventive. On écoute quelques rimes politiques reprises par des milliers de voix « Djeïch-chaâb khaoua khaoua contre la bande !», «La police-chaâb khaoua khaoua contre la bande !» «L'Algérie nous appartient, nous en ferons ce que nous voulons !» «Allah Allah ya baba djina enneho el issaba !» Durant le trajet, nous avons questionné les jeunes sur les motivations qui les ont poussés à rejoindre cette marche. Yacine 19 ans, étudiant : «Je marche pour dire non au cinquième mandat et pour dire au régime de dégager pour laisser place aux dirigeants jeunes.» Sur la suggestion du général du corps d'armée Gaïd Salah concernant l'application de l'article 102 de la Constitution pour destituer Bouteflika, Yacine assénera : « Avec tous mes respects au général mais je dirais qu'il devait faire cette proposition il y a quelques années, en 2013 notamment quand le Président était malade, ce n'est pas maintenant. C'est trop tard.» Yacine, qui était entouré de marcheurs en compagnie de ses 3 amis, précisera : « On voit les gens du système applaudir cette solution. Cela veut dire qu'ils ont des intérêts à défendre par le biais de cette solution. Donc, cette proposition est douteuse.» Pour lui, l'Algérie recèle assez de compétences pour trouver des universitaires en mesure de gérer la transition vers un régime où les élections libres et transparentes seraient le seul moyen pour accéder au pouvoir. Selon lui, il est utile d'installer, durant cette transition, un système pyramidal pour éviter toute dérive. Asma, 27 ans, dentiste : «Je marche pour l'Algérie tout simplement. S'agissant de l'application de l'article 102, pour l'heure, je n'ai confiance en personne.» Tous les jeunes que nous avons questionnés sur l'article 102 nous ont répondu unanimement : «Pourquoi maintenant ? Pourquoi pas il y a quelques années alors que la demande a été faite publiquement par un parti d'opposition et que tout le monde savait que le Président était gravement malade ?» Abachi L.