Au lendemain de son intronisation, le chef de l'Etat annonçait la tenue de l'élection présidentielle. Selon l'agenda officiel, c'est le 4 juillet que les Algériens auraient rendez-vous avec les urnes. Si le calendrier était maintenu en dépit d'un rejet total de ce processus par la rue et l'opposition, une question se pose : avec quels candidats se tiendra la très contestée élection ? Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Engagé dans une logique de solutions purement constitutionnelles, le chef de l'Etat intronisé, faisant fi du rejet de sa personne et des solutions qu'il propose, a déjà fixé la date des prochaines échéances devant déboucher sur l'élection d'un président de la République. La rue n'a pas attendu cette date, elle a tranché et exige un changement radical avant d'approuver un quelconque processus électoral tronqué. Si les électeurs potentiels n'ont pas de doutes sur leurs choix, les candidats potentiels n'ont pas tous tranché. Quelles décisions prendront les anciens candidats à l'élection annulée ? Pour le moment, il n'y a que Ali Ghediri qui s'est positionné comme candidat. Ni Belaïd Abdelaziz, ni Fawzi Rebaïne n'ont encore tranché. Le président du Front El Moustakbel, qui avait déposé son dossier auprès du Conseil constitutionnel, devra s'en remettre à la décision des institutions de son parti. La décision dépendra, néanmoins, d'une série de garanties qu'exige le parti. Mustapaha Heddam, le porte-parole du Front El Moustakbel expliquait hier que la question n'avait pas encore été tranchée compte tenu du contexte actuel. Le conseil national du Front El Moustakbel prendra une décision conformément aux statuts mais surtout en prenant en compte un certain nombre de données, notamment celles relatives aux garanties données par le chef de l'Etat. «On attend de voir si, réellement, l'organisation des élections est retirée à l'administration. Nous militons depuis des années pour une instance indépendante de toute institution qui puisse organiser, contrôler et proclamer les résultats et qui soit habilitée à recevoir les recours avant le Conseil constitutionnel. Si ses membres sont librement choisis et non imposés, ça sera une garantie pour des élections propres et honnêtes», explique notre interlocuteur. Pas de décision non plus du côté de AHD 54. Fawzi Rebaïne, qui s'était retiré de la course, ne dévoile pas non plus ses intentions. Son parti appelle néanmoins à «l'organisation, avant fin de l'année en cours, d'une présidentielle propre et transparente, afin que le nouveau Président puisse proposer une feuille de route pour la réforme politique et installer une commission nationale indépendante qui aura pour mission de préparer les élections et de revoir le code électoral». Il avait également proposé «la désignation d'une personnalité nationale intègre pour gérer la période de transition suivant la Constitution, la démission du président du Conseil de la Nation et du gouvernement et l'installation d'un gouvernement d'entente nationale, dont les portefeuilles de souveraineté seront confiés à des personnalités connues pour leur probité». Seul à ne pas poser de condition ni à remettre en cause le processus en cours, Ali Ghediri a été le premier à dévoiler ses projets. «Bien sûr que je serai candidat et plus que ça, mon dossier est déjà au niveau du Conseil constitutionnel», a-t-il affirmé. Le maintien de Bensalah à la tête du pays pour une durée de 90 jours n'est pas un problème car «il n'a aucun poids», avance-t-il. Dans le contexte actuel marqué par une mobilisation sans faille en faveur d'un changement du système, Ghediri fait figure d'exception au moment où les imposantes marches à travers le pays sont assimilées à un référendum populaire dont le verdict ne souffre aucune ambiguïté. N. I.