Belhadj prend part à Istanbul à la célébration du 63e anniversaire de la création de la Cour constitutionnelle turque    Agrément à la nomination du nouvel ambassadeur d'Algérie en République de Guinée    Incitation à la spéculation illicite sur la pomme de terre: 4 individus placés en détention provisoire    Ligne ferroviaire Bechar-Abadla: une nouvelle infrastructure au service du développement dans la région    L'Espagne annule un contrat d'armement avec une entreprise sioniste en soutien à la cause palestinienne    Ouverture des inscriptions pour participer à la caravane touristique nationale    Le président de la République procède à la mise en service de la station de pompage Guetrani 2 et de la station d'épuration des eaux à Béchar    Attaf reçu à Helsinki par le président de la République de Finlande    Education : Semaine nationale d'information et des portes-ouvertes sur l'orientation scolaire et professionnelle du 4 au 8 mai prochain    Clôture de la 14e édition du Festival culturel international de musique symphonique    Attaf s'entretient avec le ministre finlandais du Commerce extérieur et du Développement    Grande campagne de nettoyage durant ce week-end    Régulation Boursière : la Cosob prend la présidence du Conseil des autorités arabes    Ghaza: le bilan de l'agression génocidaire sioniste s'élève à 51.355 martyrs et 117.248 blessés    Guerre ouverte contre la violence !    «Ziani va nous rejoindre à la DTN»    «Les relations qui ont connu un développement notable doivent évoluer vers une nouvelle étape»    Ooredoo brille lors de la 2e journée de l'ICT Africa Summit 2025    Manuel de survie pour un régime en sursis    Quand les abus menacent la paix mondiale !    Naissance d'un club sportif du nom du chahid Pr Djilali-Liabes    Des armes de guerre du Sahel et des drogues du Maroc saisies par l'ANP    La famine se propage..    Condoléances du président de la République à la famille de la défunte    Le recteur de Djamaâ El-Djazaïr reçoit le Directeur général pour la région MENA à la Commission européenne    Relizane: un programme riche et varié pour faire connaître le patrimoine culturel de la région    Ligue 1: le président de la FAF exhorte les responsables de clubs à veiller au bon déroulement des matchs dans un esprit de fair-play    Une vision prospective claire, selon les experts    L'arbitre de la rencontre USMK-PAC au box des accusés !    Les tombeaux royaux de Numidie proposés au classement ''dès l'année prochaine''    Convergences transcendentalement divergentes entre l'art et la religion    FAF: "Ziani va nous rejoindre à la DTN"    Haltérophilie: Kamel Saïdi élu membre du bureau exécutif de l'UA de la discipline    Un programme sportif suspendu    «Construire un front médiatique uni pour défendre l'Algérie»    Hamlaoui présente trois projets d'aide pour les femmes du mouvement associatif    La Fifa organise un séminaire à Alger    Khaled Ouennouf intègre le bureau exécutif    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Yaâgoub, celui qui remet les pendules à l'heure
C'est ma vie
Publié dans Le Soir d'Algérie le 20 - 04 - 2019


Par Rabah Saâdoun
Une petite table pliante, une chaise, une valise dans laquelle se trouve tout son arsenal, et beaucoup de savoir-faire. La passion de Yaâgoub : ressusciter une montre que l'on croyait morte.
Yaâgoub était, pour la majorité des habitants de notre région, un personnage atypique par son look, mais, surtout, par sa façon de voir les choses. Qu'il pleuve ou qu'il vente, on le retrouvait toujours au centre-ville de Tissemsilt, attendant un éventuel client. Quiconque à l'époque avait besoin de réparation, d'entretien, de réglage ou d'un simple contrôle d'une montre, d'un réveil, d'une horloge, pensait sans nulle hésitation à Yaâgoub, convaincu qu'il ne pouvait être mieux servi que par lui.
C'était un homme longiligne, discret et peu peu bavard. Toutefois, s'il prenait la parole, rares sont ceux qui comprenaient ce qu'il exprimait car il avait une vision très philosophique de la vie et de ses aléas. Son discours était truffé de sous-entendus et de métaphores. Propre et toujours bien mis, je me rappelle très bien de ses tatouages qu'il portait sur la main et que l'on nous faisait croire, à l'époque, que c'était la marque des marginaux ou d'anciens détenus. Loin de là ! Notre horloger était connu pour sa probité et son intégrité.
Au début des années soixante, il avait exercé en tant que chauffeur dans une administration publique avant de revenir rapidement à son domaine de prédilection, l'horlogerie. Une administration qui avait perdu, à l'époque, un élément très intéressant sur tous les plans. Lui qui a marqué ses anciens collègues par ses différentes anecdotes reprises jusqu'à présent. Combien il les avait fait rire !
Je revois encore son petit outillage posé sur la table, j'allais dire sa mini-clinique de montres : des petits tournevis antimagnétiques, une loupe, une poire soufflette, une pince crabe pour saisir le verre, des brucelles pour attraper les aiguilles, un pointeau, du lubrifiant, du liquide de nettoyage… Et, bien sûr, sa chachiya (calotte) qui ne le quittait jamais au même titre que sa pipe, même quand il était en pleine «intervention chirurgicale».
Entre lui et les montres, il semblait qu'un pacte ait été conclu, donnant à l'homme toute domination sur le temps. On pouvait croire que des serments avaient été échangés. Il n'aspirait qu'à une chose : accomplir avec perfection sa noble tâche. Il lui arrivait de passer toute une journée sans gagner le moindre sou, mais ça ne l'empêchait pas de garder le sourire. Jamais il n'a demandé de l'aide à qui que ce soit. Avec beaucoup de philosophie, il répétait souvent : «Yaâgoub ne s'incline devant personne, sauf devant Dieu.»
De son vivant, il n'avait jamais eu d'embrouilles avec personne. Ses voisins lui reconnaissaient beaucoup de qualités, en particulier son empathie et sa générosité.
Son seul péché mignon, la boisson alcoolisée. Il était enchaîné à son vice, il buvait à n'en plus finir, sans plaisir, avec, pour seul but, de s'embrumer l'esprit et évaporer sa monnaie. Il avait beau tenté de se sevrer, mais c'était peine perdue.
Chaque soir, il rentrait chez lui très éméché. C'était surtout dans cet état qu'il fallait côtoyer le regretté Yaâgoub pour profiter pleinement de sa sagesse et, surtout, de son éloquence. Il gardait intacte sa verve. Néanmoins, il avait des difficultés à s'orienter dans l'espace et trébuchait souvent. Un soir, alors qu'il rentrait ivre, il trébucha et sa calotte lui tomba de la tête. Un de ses voisins qui l'aida à se redresser lui dit : «fais attention si Yaâgoub !» Le regretté lui répondit : «n'aie crainte cher voisin, chachiya tihe w Yaâgoub ma ytihache (la calotte tombe, mais pas Yaâgoub)». Une phrase culte qui est restée gravée à jamais dans la mémoire collective de tous les habitants. Et, à chaque fois que la situation s'y prête ou qu'on l'évoque, on se la remémore.
Il est resté digne jusqu'à la fin de ses jours, malgré toutes les souffrances qu'il avait subies. Et il me rappellera à jamais l'histoire du billet de banque qui était froissé, piétiné, sali et décoloré, mais qui gardait toujours sa valeur et que tout le monde voulait en dépit de tout. Il disait : «Plusieurs fois dans votre vie vous serez froissé, rejeté, souillé par les gens, par la vie ou par des événements. Vous pourrez avoir l'impression que vous ne valez plus rien, mais, en réalité, votre valeur n'aura pas changé d'un iota aux yeux des gens qui vous aiment» !


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.