A quelques jours des examens scolaires, les parents, hystériques, paniquent, s'affolent. Et c'est le bourrage de crâne. Jamais les enseignants qui dispensent les cours de soutien n'ont été autant sollicités, voire harcelés à la veille du jour J : «Mon fils a de grosses lacunes en langue française et l'examen blanc est imminent. Je voudrai que vous lui fassiez quelques révisions. Il faut qu'il ait au moins son 10», supplie une maman au bord des larmes. «Ma fille s'embrouille encore en mathématiques, elle a juste besoin de quelques séances.» Des mères, en détresse, dont le seul souci est que leurs mômes obtiennent, pour certaines, de très bonnes notes, une question de fierté et de réussite dont ils se gargarisent ; pour d'autres, décrocher juste la moyenne pour ne pas être recalés. Il n'y a qu'à les voir à la sortie des écoles ! Agglutinés devant le portail, elles attendent leurs enfants et palabrent, les visages livides. «Aujourd'hui, ils ont eu composition d'éducation civique. Ma fille, je l'ai réveillée après le s'hor. J'ai juste eu le temps de prendre un verre de lait et des dattes et on a repris, ensemble, les leçons. Elle ne s'est pas rendormie. Mon Dieu, j'espère qu'elle a bien travaillé. Il faut qu'elle ait une excellente note pour gonfler sa moyenne générale.» Une autre maman, la mine défaite, visiblement angoissée, renchérit. «Moi, le mien a la tête dure. Je me ruine à lui payer des cours particuliers de français, mais rien n'y fait. Ses résultats sont toujours catastrophiques. Je lui demande juste d'obtenir un 10, mais c'est du domaine de l'impossible. Je ne sais pas comment il fera le jour de l'examen de sixième. Rien que d'y penser, j'en ai des sueurs froides.» Les discussions autour des compositions et examens blancs ont pris le dessus sur celles du Hirak. On se réveille avec el-imtihanet, on se couche avec, quel que soit le lieu où l'on se trouve. Ces jours-ci, les dissertations concernant les manifs sont mises entre parenthèse. Un petit break. Les enfants sont tarabustés, enfermés à la maison à se farcir des pavés qu'ils doivent apprendre par cœur, souvent sans en comprendre un traître mot. Pas de répit du dimanche au samedi, et ils ne vendrediront plus jusqu'à la fin des compos. Après, et seulement après, ils auront quartier libre !