Les citoyens de Bordj-Menaiel (est de la wilaya de Boumerdès) n'avaient pas attendu l'après-midi du 22 février pour occuper la rue et crier leur ras-le-bol pour ensuite exiger la fin du système de Bouteflika. Dès le matin de ce 22 février, ils étaient descendus en grand nombre pour entamer la révolution pacifique. Depuis, ils sont toujours aussi nombreux à manifester. Ce vendredi donc, la foule qui a sillonné le centre de la ville était imposante. Elle est probablement égale ou supérieure à celle qui se mobilise, chaque vendredi, au chef-lieu de la wilaya. Pour une commune de l'intérieur de la wilaya longtemps brimée et marginalisée par le pouvoir central et régional, pour des raisons de géopolitique régionale, cette mobilisation est à prendre à sa juste valeur. Au départ du cortège des manifestants, seuls l'emblème national et le drapeau amazigh étaient visibles. Il est clair que les Bordjiens sont contre l'élection présidentielle «Makache l'vot maâ el issaba ! (pas de vote avec la bande)». «Ulach l'vot ulach !». Puis, la foule reprend les slogans habituels «Yetnahaou gaâ ou ithasbou gaâ ! (ils seront tous démis et ils rendront tous des comptes)» «Chyatine, serakine ou igoulou wataniyine ! (brosseurs et voleurs et se disent nationalistes)». La foule reprend, par ailleurs, les chants chers à la Kabylie «Pouvoir assassin !» «Ulach smah ulach !» «Y en a marre de ce pouvoir ! A l'écoute de certains slogans, Il est évident que les marcheurs ont une dent contre Ahmed Gaïd Salah, le chef de l'état-major de l'ANP. Brahim, 50 ans, employé dans une entreprise publique fait le résumé de cette colère citoyenne contre le patron de l'armée. «Je marche aujourd'hui comme les fois précédentes pour faire dégager elissaba. Je marche pour que Bensalah et Bedoui dégagent. Qu'ils partent tous y compris Gaïd Salah. Gaïd Salah nous a trahis. Il n'a pas été homme avec nous. Qu'il parte avec sa bande. Finalement c'est lui le chef de la bande !» Forte mobilisation à Dellys Dans d'autres localités de la wilaya de Boumerdès, les citoyens sont descendus dans la rue. C'est le cas de Dellys où nos sources ont fait part d'une immense foule qui est sortie ce vendredi comme elle le faisait chaque semaine. Il semblerait que la venue de Karim Tabbou qui doit animer une conférence à l'issue de cette marche, a fortement boosté cette mobilisation. Lorsqu'il a pris la parole, Tabbou a ému la foule en évoquant la liquidation des grands dirigeants de la révolution de Novembre par le système qui a par la suite pris en otage tout le pays et son peuple. Il y a eu également une grande marche au chef-lieu de la wilaya de Boumerdès. Abachi L.