Ils étaient environ un millier de pharmaciens, venus de toutes les wilayas du pays, hier devant le ministère de la Justice lors d'un rassemblement auquel avait appelé le Syndicat national des pharmaciens d'officines (Snapo) pour exiger des mesures de protection urgentes et concrètes en raison de la vente de psychotropes. Une première action réussie et une démonstration organisée et déterminée selon les initiateurs qui maintiennent le mot d'ordre de grève nationale pour le 29 mai avant de cesser toute vente de psychotropes dans les officines. Selon le président du Snapo Mr Belambri « Nous restons mobilisés en maintenant notre mot d'ordre et ce, jusqu'à satisfaction de nos revendications transmises aux deux ministères, la Santé et la Justice». Dans sa déclaration au Soir d'Algérie, le président du Snapo insiste sur la nécessité de mettre en conformité la réglementation portant gestion des psychotropes par les officines et qui souffre d'un vide juridique exposant les pharmaciens à des sanctions pénales et à des risques sur les plans de la gestion et de la sécurité, sachant par ailleurs, que les tableaux liés à la classification officielle de ces produits ne sont toujours pas publiés au Journal officiel (JO), en dépit de l'existence d'un arrêté ministériel qui date de juillet 2015. Il notera que «les pharmaciens sont souvent poursuivis et condamnés, alors que ces produits ne sont pas classés officiellement comme étant des psychotropes» et d'ajouter encore «l'usage de fausses ordonnances ou d'ordonnances falsifiées ou de complaisance expose les pharmaciens aux risques de poursuites et de condamnations pénales alors que leur responsabilité n'est pas engagée». Pour rappel, le syndicat a déjà lancé un appel au ministre de la Justice pour la promulgation et la publication de la nouvelle loi qui mettra un terme de manière rapide et efficace à beaucoup de contraintes techniques et à ce vide juridique constaté et vécu depuis 2004. Une autre urgence formulée, celle de la classification par le ministère de la Santé de ces substances. A noter qu'un projet d'arrêté avait été préparé en 2015 mais le secrétariat général du gouvernement et le ministère de la Justice se sont opposés à la publication des tableaux. «C'est ce qui induit à une totale confusion par rapport aux produits qui font l'objet de détournement». Par ailleurs, une rencontre a eu lieu le 14 mai entre une équipe du bureau national du Snapo et le nouveau ministre de la Santé suite aux actions annoncées par le syndicat. Des engagements ont été données aux pharmaciens concernant la publication des tableaux des psychotropes au Journal officiel ainsi que la republication de l'arrêté portant classification de ces produits. Le ministre de la Santé s'était engagé à saisir son homologue de la justice pour la prise en charge des problèmes soulevés par le Snapo. Malgré cela, la menace d'une grève générale le 29 mai est toujours d'actualité. Le bureau national a décidé de maintenir la mobilisation et les actions programmées. Les pharmaciens de Mila ont débrayé et ceux d'Ouargla se préparent. Les pharmaciens de la wilaya d'Ouargla observeront une grève le 26 mai pour contester l'arrêt des remboursements de leurs dus par la Cnas dans le cadre du conventionnement du tiers payant et ce, en raison d'une action de protestation menée par les travailleurs de la Caisse depuis plus d'un mois. Une situation devenue handicapante pour les officines qui continuent à dispenser des médicaments aux patients sans aucune garantie. De leurs côté, les pharmaciens d'officine de la wilaya de Mila ont observé le dimanche 19 mai une grève d'une demi-journée en signe de solidarité avec une de leurs collègues à Chelghoum Laïd, condamnée à 10 ans de prison ferme pour vente «frauduleuse» de psychotropes. Le Snapo de la wilaya avait publié un communiqué dénonçant la décision prise à l'encontre de leur collègue, estimant que les médicaments mis en cause «ne sont pas classés dans la catégorie des psychotropes des nomenclatures de la convention internationale sur les psychotropes (Genève 1971) et du ministère de la Santé». Il a également estimé que l'enquête dans cette affaire «n'a pas pris le temps nécessaire» et «n'a pas été consolidée par une expertise sur la classification de ces médicaments», jugeant «sévère» la décision et espérant qu'elle sera revue au niveau de la Cour suprême. Ilhem Tir