La réglementation portant gestion des psychotropes par les officines souffre, selon le Snapo, de nombreuses insuffisances et d'un vide juridique qui exposent les pharmaciens à des sanctions pénales. Le Syndicat national des pharmaciens d'officines (Snapo) a organisé, hier, un sit-in devant le siège du ministère de la Justice pour exiger de meilleures conditions pour l'exercice de leur profession. Une centaine de pharmaciens vêtus de leurs blouses blanches, venus des 48 wilayas, ont pris part à cette action de protestation, programmée par le bureau national du syndicat. Leurs revendications ont trait à la problématique dispensation des psychotropes. Ils estiment que la vente de ce produit leur cause de sérieux problèmes menaçant même leur vie. La réglementation portant gestion des psychotropes par les officines souffre, selon le Snapo, de nombreuses insuffisances et d'un vide juridique qui exposent les pharmaciens à des sanctions pénales et à des risques sur les plans de la gestion et de la sécurité. Preuve en est la corporation compte déjà deux morts parmi ses membres à cause de la commercialisation des psychotropes. L'autre difficulté à laquelle font face ces pharmaciens concerne la condamnation abusive de quelques-uns de leurs confrères. Hier, les manifestants scandaient en chœur et sans cesse la libération de leur consœur de Chelghoum Laïd (Mila), condamnée à 10 ans de prison sur un "simple témoignage d'une délinquante", dit-on. Sur les banderoles et autres pancartes brandies, l'on pouvait lire des slogans reprenant les revendications du Snapo. "Le pharmacien est victime de la mauvaise explication des textes de loi", "Le pharmacien n'est pas un dealer", "Libérez Rima Bensahih" et "Non à la criminalisation des pharmaciens"… sont entre autres slogans revendicatifs scandés par les protestataires sur un trottoir en face du département de la Justice, encerclé par un dispositif sécuritaire dépêché pour la circonstance. Ils demandent également avec fermeté la révision immédiate de la loi 18-04 du 25 décembre 2004 qui prévoit de lourdes peines de prison allant de 5 à 20 ans à l'encontre du pharmacien. Ils réclament aussi la publication urgente de la liste des psychotropes. Les adhérents du Snapo affirment que les tableaux liés à la classification légale et officielle de ces produits ne sont toujours pas publiés au Journal officiel (JO) en dépit de l'existence d'un arrêté ministériel qui date de juillet 2015. Cette situation fait courir aux pharmaciens des risques de poursuites judiciaires, tel que le stipulent les articles 16 et 17 de cette loi. "Les pharmaciens sont souvent victimes des dispositions de la loi 04-18, poursuivis et condamnés, alors que ces produits ne sont pas classés officiellement comme étant des psychotropes", a déclaré Messaoud Belambri, président du Snapo. Des délégués de cette organisation syndicale ont été reçus par le secrétaire général du ministère de la Justice, mais ce dernier, avouent-ils, ne s'est pas engagé clairement pour résoudre le problème. D'où le maintien de ce rassemblement. "Ses réponses étaient de simples promesses sans fondement, puisqu'aucun échéancier ni aucune date n'ont été arrêtés à ce propos", relève Zefizef Abdelhak, vice-président national du Snapo.