Loin d'être entendue, l'adresse prononcée la veille par Gaïd Salah, dans laquelle il insistait sur le maintien des élections, a exacerbé la colère de la rue à Tizi Ouzou qui a été investie par des manifestants représentant plusieurs corporations. Les étudiants, les avocats, les corps de la santé ainsi que les travailleurs de Sonelgaz ont unanimement rejeté les élections et réclamé l'engagement d'un processus transitionnel sans les figures du système. «Ulac lvot ulac ! (non aux élections !), ne cessaient de crier les avocats et travailleurs de la santé qui ont décidé de marcher conjointement. Moins mobilisés que d'habitude, en raison, nous dit-on, des obligations professionnelles des uns et des autres, les robes noires et les blouses blanches ont réitéré les exigences et les mots d'ordre de la révolution populaire. «Non aux élections de la honte du 4 juillet 2019, et pour un processus transitionnel sans les figures honnies du système», lit-on sur plusieurs pancartes et banderoles. Les manifestants réclament toujours le départ de Bensalah et Bedoui. Le nom de Gaïd Salah était sur toutes les lèvres et les cartons. Non pas pour louer son action et son discours mais pour l'inviter «à dégager». Le chef de l'EMG de l'ANP a été fustigé à cause de son obstination à défendre un ordre constitutionnel rejeté par le peuple. «Non au putsch constitutionnel !», «La volonté populaire est non-négociable !», clamaient les manifestants. «Non au pouvoir des 3isabat (des gangs) et des chars !», clamait cet avocat. Une exigence partagée par plusieurs marcheurs qui exhibaient des pancartes insistant sur «la primauté du civil sur le militaire», et réclamant «l'édification d'un Etat de droit» et l'instauration d'une justice libre, transparente et loin de toute influence. S. A. M.