Les Béjaouis sont toujours mobilisés et plus que jamais déterminés. En effet, pour le 12e vendredi de la révolution du peuple, ils sont sortis par dizaines de milliers, en dépit de la chaleur. La mobilisation était inattendue. Aux environs de 13h30, les premiers manifestants sont arrivés aux deux points de ralliement, Aâmriou et la cité Nacéria, rebaptisée rue Matoub-Lounès. Ce n'est que vers 14h que le premier carré de manifestants s'est ébranlé, précédé par un petit convoi de motos klaxonnant comme pour annoncer le début de la manif. Il y avait des familles, des jeunes et des moins jeunes, drapés dans le drapeau national. Le Ramadhan n'a pas eu d'effet sur la mobilisation, bien au contraire. Les manifestants se sont montrés décidés à faire aboutir la feuille de route du mouvement du 22 février. "Ulac, ulac, ulac l'vot ulac !" (Non, il n'y aura pas de vote), ont-ils scandé en guise de réponse au calendrier électoral auquel le chef d'état-major de l'armée et le chef de l'Etat par intérim tiennent absolument. Des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Le peuple refuse les élections" étaient exhibées. Les manifestants, qui insistent toujours sur le caractère pacifique de leur marche, ont également exprimé leur refus d'un pouvoir militaire : "Djemhouria machi kasirna. Ulac lvot ulac" (Une République non pas une caserne. Il n'y aura pas de vote), "Ni Etat militaire ni pouvoir de mercenaires" ou encore "La voix du peuple est au-dessus de votre Constitution". Pour le 12e vendredi de la colère, les Béjaouis ont scandé des slogans hostiles au chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah : "Bensalah, rayah, rayah, eddi maâk Gaïd Salah" (Bensalah, puisque tu es partant, prends avec toi Gaïd Salah), ou encore "Gaïd Salah dégage". Les manifestants ont insisté sur l'application des articles 7 et 8 de la Constitution. M. OUYOUGOUTE