Le parti « majoritaire », réduit comme une peau de chagrin par le mouvement populaire, ne sait plus à quel saint se vouer pour échapper aux marées révolutionnaires qui promettent d'emporter tout le système politique et ses symboles, dont le FLN, sur leur passage. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Il soutient en même temps les revendications du peuple et les déclarations du chef d'état-major de l'armée qui tient à une solution constitutionnelle à la crise malgré son rejet massif par les Algériens. Le FLN ose même parler du respect de la Constitution alors qu'il était l'acteur clé de toutes les violations qui ont permis à Bouteflika de se doter des prérogatives d'un monarque ; ce qui a conduit le pays à la situation actuelle. Dans le sillage de ce mouvement populaire, le parti a plongé dans une crise organique profonde. En se donnant une nouvelle direction, à sa tête Mohamed Djemaï, un défenseur zélé du cinquième mandat, le parti a lancé le chantier de destitution du président de l'APN, Moad Bouchareb, sous prétexte que son départ est une revendication du peuple. Hier encore, le groupe parlementaire du parti a appelé Bouchareb à quitter son poste et à répondre aux demandes populaires «adoptées» par le FLN, affirmant que le groupe s'attache à la ligne du parti et aux orientations de sa direction. Il y a quelques mois, ce même groupe parlementaire, qui était attaché aux décisions d'une autre direction, a destitué Saïd Bouhadja de la présidence de l'APN pour le remplacer par Moad Bouchareb. Dans leurs actions, ces députés sont allés jusqu'à cadenasser les portails de l'institution législative. Ce groupe s'est toujours attaché aux orientations des directions sous Belkhadem, puis Saâdani, puis Ould Abbès, puis Bouchareb et maintenant Djemaï. Le nouveau secrétaire général du parti Mohamed Djemaï exerce une pression sur Bouchareb pour le pousser vers la porte. Il a expliqué que le FLN vise à destituer Bouchareb afin de satisfaire aux revendications du peuple. Dans ce cas, pourquoi n'appelle-t-il pas Bensalah et Bedoui à démissionner ? Pourquoi ne rejette-t-il pas l'élection pour être vraiment en phase avec le peuple ? Déstabilisé par le mouvement populaire qui lance chaque vendredi «FLN dégage», le parti a perdu la boussole. Dans ce décor jamais imaginé par l'ex-parti unique, cinq anciens membres du comité central viennent de lancer une initiative dans l'espoir de sauver ce qui pourrait l'être, si ce n'est définitivement trop tard. Ils ont acheté un espace publicitaire dans un quotidien national à grand tirage pour rendre publique leur démarche et annoncer la naissance du «Mouvement de rassemblement des militants du FLN» afin de «libérer» le parti. Ils veulent redorer le blason du parti et le rendre à ses militants après avoir été squatté par des forces sans légitimité depuis 2012, selon eux. Evoquant la dislocation des partis politiques et l'accaparement de leurs directions par des groupes d'intérêts, ils regrettent l'écartement du FLN, qualifié comme «le premier parti du pays, le parti des initiatives et des solutions, le parti des défis et des phases délicates dans la vie de la Nation qui lui a accordé sa confiance et ses aspirations». Actuellement, deux anciens chefs de ce parti et un ancien Premier ministre militant, plusieurs anciens ministres du parti sont poursuivis dans des affaires de corruption. Affirmant que le parti est victime des « prédateurs qui ont pillé les deniers publics et poignardé l'économie nationale» et des aventuristes, en excluant les militants, les cinq membres du comité central s'engagent à «poursuivre la lutte pour redonner le parti à sa base militante et œuvrer afin que le FLN reprenne sa place au sein du peuple en s'adaptant aux revendications des jeunes». Ils ont appelé les militants à rejoindre leur mouvement. Cela au moment où le slogan «FLN dégage» est lancé dans les quatre coins du pays. K. A.