Des femmes, le visage pourpre, les yeux larmoyants, toutes de djelabate vêtues qu'elles portent avec élégance, la tête recouverte d'un foulard assorti à leur habit et que seules les Tlemcéniennes enfilent en pareille circonstance comme l'exige la tradition, étreignent celle qui vient d'enterrer son enfant de six ans. Elles pleurent en silence et compatissent à l'affliction d'une mère qui sourit tristement en répétant «el-hamdoulah». Elle a tellement versé de larmes durant le dur combat qu'elle a mené, cinq années durant, contre la maladie du petit Nidhal, que ses yeux se sont presque asséchés. Tantes, cousines, amies, oncles, cousins, tous connaissent le courage, l'entêtement, l'acharnement de cette femme qui luttait pour apaiser les souffrances de Nidhal qu'elle ressentait et qui la déchiraient comme des couteaux qu'on enfonçait dans sa chair. Des lueurs d'espoir qu'elle a vu disparaître quand le mal était plus fort, quand elle se sentait impuissante face à son malheur. Sa force, elle la puisait de sa sœur qui a partagé sa douleur, ses peines. De sa mère, son père qui étaient toujours à ses côtés, sa belle-famille qui la soutenait en lui témoignant son soutien et tout son amour pour Nidhal. Son époux, qui, tout comme elle, a oublié les plaisirs de la vie. Ensemble, ils ont renoncé à vivre. Le petit yahia, venu trois ans après Nidhal, n'a pas pu redonner le bonheur à cette charmante famille. Unis dans l'adversité, chacun à sa façon menait la même bataille : vaincre la leucémie. Hélas, le destin en a décidé autrement. Nidhal était au bout de ses supplices. Son corps frêle ne pouvait plus résister, comme s'il voulait dormir à jamais pour soulager le mal qui le rongeait. Désormais, il repose en paix.