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Confessions d'un orphelin 19eme partie
Publié dans Liberté le 07 - 12 - 2011

RESUME : Donya est jalouse, elle exige de Karim de ne prononcer que son prénom, avec ce beau sourire radieux. Cependant, il lui avoue être amoureux, celle-ci rougit en se levant pour lui révéler quelque chose et ce dernier l'interrompt en lui énonçant le nom de “Amina”. Donya part en courant, Karim ne peut la suivre, il décide de rentrer chez lui, à la demeure qu'il nomme mélancoliquement : “la maison de l'amertume”…
Les premières nuits où mon père me congédiait tel un animal dehors, me rendirent malade sur tous les points, si bien que j'allais dormir chez Hadja Sadia qui eut vent de ma misère, et me permettait secrètement de dormir chez elle. Mon père me changea d'établissement, ainsi, pour qu'il ne fasse le taxi pour moi en me déposant au lycée le matin pour me ramener le soir, bien que j'aie proposé d'y aller en bus, mais ma belle-mère affirma que je voulais détourner de l'argent pour d'autres dépenses et fit avorter cette éventualité. Donc,dorénavant, j'étudie dans le lycée du cartier, auprès de Amina, ce qui n'était pas mal… mais c'était difficile aussi, car je ne revoyais plus ma cousine Donya, qui,fâchée contre moi, ne donna plus aucune nouvelle. Entre Amina et moi ça alla pour un temps, mais je la vois s'éloigner de moi peu à peu, mais d'après elle, c'est plutôt moi qui reste froid et distant, et au fond, je sais qu'elle a raison. Les éternelles querelles de voisinage provoquées par ma belle-mère, ne me permirent pas d'étudier à mon aise, et son morveux qui n'arrêtait pas de faire irruption dans ma chambre et y casser des choses, pour que mon père crie et me frappe, c'était insupportable. J'ai eu mon bac in extrémis, j'allais devoir quitter la maison pour aller à la fac, j'avais préparé une chambre à l'université. Mais…je devais revoir Donya avant de partir, il fallait que je la revoie, car demain, je serai à Ben Aknoun et la distance entre nous sera plus que longue.
Je travaillais dans une pizzeria pendant les vacances, l'argent de poche que j'amassais, qui n'était pas piqué par Redouane, le petit morveux, me permit d'acheter des cadeaux pour ma tante, mon oncle, et leurs filles, espérant me racheter à leurs yeux.
J'arrive devant la porte, je suis tout ému, ça fait près de trois ans que je ne suis pas revenu, je suis nerveux, je tremble de partout. Je frappe à la porte, le temps qu'on vienne m'ouvrir, j'implorais Dieu qu'il me facilite la tâche et que mes mots soient clairs et nets sans ambiguïté.
La porte s'ouvre, ma tante m'ouvre. Quelques rides ayant dessiné les contours de son visage lui donnent l'air strict, surtout avec les lunettes qu'elle portait. Je recule ayant un peu peur de sa réaction, elle me regarde des pieds à la tête et m'interroge : qui êtes-vous ?
-C'est vrai ma tante, vous avez raison, j'ai tardé pour revenir vous voir, trois ans, c'est très long !
Je lui avoue tout les yeux baissés, en tenant le sac de cadeaux, que je serrais et déchirais légèrement, tant j'étais anxieux et apeuré, craignant le rejet. Tante Frah s'avance vers moi, me regarde bien en face, puis me prend dans ses bras pour m'avouer en larmes : c'est aujourd'hui que tu rentres, idiot ! Je t'ai attendu toutes ces années espérant que tu me reviennes, Karim, pourquoi est-ce que tu as tardé, mon enfant ?
Je ne pensais pas du tout à cette réaction enthousiaste de sa part, dire que Dieu a exaucé mes prières si vite, “hamdoullah !”.
-Ma tante ! Je suis si heureux de vous revoir.
lui lançais-je, ému à mon tour.
-Karim, rentrons à la maison, ne restons pas dehors à parler, viens mon fils ! Tes cousines seront si enchantées de te revoir ! Tu sais Djamila est là aussi !
-Ah bon ? Djamila est là ?
Quel bonheur, j'entre dans le salon, je vois deux beaux enfants jouer ensemble avec de vieux jouets de la famille, Djamila avait pris du poids mais était toujours aussi belle, elle pleure de joie en me voyant entrer dans la pièce et m'avoue : Karim, maman m'avait dit que tu étais parti, je pleurais tellement et je priais pour te revoir avant de partir, je serais si malheureuse si je ne revoyais pas mon petit frère adoré.
En fait Dieu a exaucé nos souhaits réunis, “hamdoullah” dans tous les cas. Je la prends dans mes bras et l'interroge : tu vas bien cousine ? Ton mari va bien ? Tu vis toujours à Tizi-ville ?
Elle me répond avec un large sourire,séchant ses larmes de bonheur : oui, je vais bien, on va tous bien ! Viens me rendre visite un jour Karim, tu seras toujours le bienvenu chez moi. Et quand tu viendras, on ira voir nos grands-parents, d'accord ?
-Ce sera avec un grand plaisir, je ne me suis jamais rendu au bled, je me demande si mes grands-parents se souviennent encore de moi.
-Oh, crois-moi, ils se souviennent de toi,
affirme Djamila en riant, avant de me présenter ses beaux enfants, une fille et un garçon. Je donne à ma tante les cadeaux que je leur ai apportés, elle refuse de les prendre mais j'insiste, c'est la moindre des choses pour tout ce qu'elle a fait pour moi.
Entre dans la pièce, la grande Narimène un plateau de thé en main, je lui demande de ne pas se déranger, que je n'allais pas tarder, mais ma tante insiste pour que je prenne le temps de boire en leur agréable compagnie.
Nima est fiancée maintenant, et a trouvé un travail en tant que secrétaire, aidant ainsi la famille pour les dépenses.
Quant à Ryma, elle entre dans la pièce, au lieu de sortir désinvolte comme elle le ferait d'habitude, elle m'avoue néanmoins en sortant : enfin tu es revenu, j'en avais assez des lamentations de cette famille depuis ton départ.
(À suivre)
H. B.


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