Des grands noms de la musique brésilienne aux simples citoyens, en passant par la Seleçao, le Brésil rendait hommage dimanche au «plus grand artiste»du pays, Joao Gilberto, l'un des pères de la bossa nova décédé la veille. Seul le président d'extrême droite Jair Bolsonaro, un admirateur de la dictature qui avait contraint de nombreux artistes à l'exil, a semblé réticent à saluer sa mémoire. La nouvelle de la disparition de cette légende de la musique à l'âge de 88 ans est tombée dans un pays où les drapeaux et les maillots jaune et vert étaient de sortie, avant la finale de la Copa América contre le Pérou. Le mythique stade Maracana de Rio a observé une minute de silence à l'ouverture du match, dimanche après-midi. «Je viens d'apprendre le décès de Joao Gilberto. C'est un évènement d'une immense importance pour moi. Joao Gilberto est, de mon point de vue, le plus grand artiste brésilien. De tous», a déclaré le célèbre chanteur Caetano Veloso sur une vidéo publiée par le site de Globo News. A l'image des principaux journaux du pays, qui consacraient leur Une à ce décès, O Estado de S. Paulo titrait «Un tabouret, une guitare, une mélancolie». D'autres figures de la musique brésilienne ont souligné l'importance de celui qui a immortalisé avec Stan Getz «la fille d'Ipanema». «Qui était touché par la musique de Joao n'était plus jamais le même, comme Caetano Veloso, Gilberto Gil, Roberto Carlos, Chico Buarque, Rita Lee, Jorge Benjor et même Tim Maia, qui ont trouvé en lui bien plus qu'une idole: un phare, un ange de légèreté, de délicatesse et de swing», a résumé le compositeur et producteur Nelson Motta dans un article. La chanteuse Gal Costa, icône du tropicalisme, mouvement artistique qui prône l'ouverture culturelle et l'universalité de la musique, a publié sur Instagram une vieille photo d'elle au côté d'un de ses maîtres. «Joao Gilberto, le plus grand génie de la musique brésilienne, est parti. Il a été une influence déterminante pour mes chansons. Il va beaucoup nous manquer, mais son héritage est essentiel pour le Brésil et le monde entier», a-t-elle écrit. L'avocat de Joao Marcelo, le fils qu'il a eu avec sa première épouse, la chanteuse Astrud Gilberto, a indiqué à Globo que la légende de la bossa nova, qui vivait retirée du monde, était morte à son domicile «de cause naturelle».