Avec l'épreuve de ce jeudi face aux Eléphants de la Côte d'Ivoire, l'EN algérienne a certainement grandi. Sportivement et dans le cœur des Algériens. Demain, face aux Super Eagles du Nigeria, en demi-finales de cette 32e CAN en Egypte, Belmadi et ses hommes seront à nouveau sur le gril. Et devront prouver que plus rien ne pourra les priver d'un sacre, désormais, réalisable. La chaleur (38°) de cette fin de journée à Suez-City et l'adversité d'une Côte d'Ivoire qui montait en puissance malgré certaines insuffisances ont bigrement changé l'attitude des Verts si sereins depuis le début de cette compétition. Tellement réservés qu'ils ont mis du temps à entrer dans ce quart de finale de feu. L'athlétique ensemble d'Ibrahima Kamara a réussi à repousser Mandi et ses camarades dans leurs derniers retranchements. En quinze minutes, le fameux quart d'heure d'observation, les Algériens ont vraiment «observé» Gradel, Zaha et autre Kodjia titiller M'bolhi. Ce dernier a été (déjà) déterminant quand il effleurera d'une manchette le ballon croisé par Gradel vers le poteau sans que Kodjia parvienne à reprendre dans les buts vides. Cette chaude alerte a encore fait peur aux guerriers de Belmadi qui vont laisser venir Kessié et ses frères du milieu, presser davantage l'arrière-garde algérienne où Atal et Bensebaïni avaient pris l'eau, laissant leurs vis-à-vis transpercer des couloirs par trop «aérés». Puis vint le coup de folie, pardi le coup de Feghouli. Une balle anodine dans la zone de Gbohouo est interceptée par Bounedjah à la lutte avec le longiligne Kanon. Le duel profite à Bensebaïni, pour une fois monté sur le front apporter ses appuis à l'attaque. Un contrôle, un petit débordement et un ballon remisé sur le point de penalty où rôdait Feghouli. L'Algérie passe devant. A la surprise générale mais à la régulière. C'est à ce moment-là que le match a véritablement commencé. Pour les camarades de Bennacer, moins fringant mais toujours utile de par son positionnement, le pressing haut a payé sur la première erreur de marquage des défenseurs ivoiriens. Pour ceux de Serey Die, la possession n'avait plus de sens d'autant plus que les Algériens allaient avoir d'autres opportunités de scorer. L'ivoire écartelée Compacte, organisée mais sans réussite, l'équipe de Kamara ne manquait pas d'ambitions pour mettre fin au parcours de champion des Algériens. Malgré leur retard au tableau d'affichage, les Ivoiriens continuaient à croire en leurs étoiles. Et leur chance se manifestera dès lors que l'Algérie gâchera le penalty qui allait définitivement faire plier les Eléphants. Bounedjah qui a l'habitude d'exécuter froidement cette sentence a mis, contre toute attente, le cuir au-dessus de la barre alors qu'il a souvent choisi les coins pour secouer les filets. Monumental ratage qui redonnera espoir et davantage d'assurance à l'ensemble de Kamara. En face, c'est l'effet douche-écossaise. Le ciel qui tombait sur la tête et les épaules des joueurs de Djamel Belmadi. Le doute qu'on pensait définitivement vaincu au détour d'une première phase sans encombre et des huitièmes de parade refaisait surface. Et la sérénité si essentielle à ce niveau quelque peu ébranlée. Une balle facile est perdue au rond central par Mahrez, Zaha s'empare du cuir et lance Kodjia qui slalomera dans le périmètre algérien avant d'exécuter d'une frappe en coin M'bolhi. Le match qui semblait définitivement dans les cordes de Belaïli et consorts va donner lieu dès lors aux pires peurs. Le cauchemar des anciennes confrontations contre les grandes nations du football africain reviendra dans les esprits. A la fatigue, s'ajouteront frissons et stress chez les loups de Belmadi. Des stigmates d'un groupe déchiré par le manque de fraîcheur et de lucidité dans les menées offensives. L'incorporation d'Ounas et avant lui de Slimani explique bien les difficultés des attaquants algériens à pousser l'adversaire vers ses derniers retranchements. Le but-couperet espéré sur les situations standards ne viendra pas, non plus. Le souffle à court, la souplesse et l'élasticité dans les mouvements seront entamées. Une demi-heure de stress Le physique entamé, le mental affecté, les deux stratèges se devaient d'adopter des plans de secours pour éviter de tomber avant l'heure. Aussi bien le dernier quart d'heure du temps réglementaire que la prolongation de trente minutes ne suffiront pour départager les deux teams. Il fallait des nerfs d'acier à défaut de muscles solides. Aussi bien les acteurs, les remplaçants, les arbitres que les supporters, au stade que ceux devant les écrans, souffraient. D'Alger à Abidjan et des autres contrées algériennes et ivoiriennes sans oublier les foyers des diasporas à travers le monde. La troisième mi-temps était davantage interdite aux cardiaques. Et la série fatidique des tirs au but l'était encore plus. Depuis que les deux capitaines Serey Die et M'bolhi (qui avait succédé à Feghouli lequel avait hérité du brassard suite au remplacement de Mahrez) ont effectué le toof. Choix du côté et du premier tireur, le portier algérien suivra, comme Feghouli durant la prolongation, la consigne de Djamel, comme se plaisent les capés à appeler coach Belmadi. Et son choix fut le bon. Sur le troisième coup botté par Wilfried Bony dans les gants de M'bolhi et le cinquième tiré par Serey Die repoussé par le poteau. La baraka était du côté algérien. Le rêve continue. M. B.
Résultats des quarts de finales Algérie-Côte d'Ivoire 1-1 (Algérie qualifiée aux tirs au but 4-3) Madagascar-Tunisie 0-3 Sénégal-Bénin 1-0 Nigeria-Afrique du Sud 2-1. Fiche technique Stade Suez, affluence moyenne, temps chaud, terrain en bon état, arbitrage de l'Ethiopien Bamlak Tessema Weyesa, assisté de Mohamed Ibrahim (Soudan) et Olivier Safari (RD Congo). Buts : Feghouli (20') - Algérie ; Kodjia (62') - Côte d'Ivoire Avertissements : Bensebaïni (29') et Bennacer (39') – Algérie ; Zaha (29'), Bagayoko (43'), Gbohouo (46'), Kessié (88') et Comara (120+1) - Côte d'Ivoire Algérie : M'bolhi, Atal (Zeffane 30'), Bensebaïni, Benlamri, Mandi, Guedioura, Feghouli (Delort 120+2), Bennacer, Bounedjah (Slimani 78'), Belaïli, Mahrez (Ounas 86') ; Entraîneur : Djamel Belmadi. Côte d'Ivoire : Gbohouo, Bagayoko, Traoré, Kanon (Camara 54'), Coulibaly, Dié, Sangaré (Gbamin 78'), Kessié, Gradel, Zaha (Cornet 94'), Kodjia (Bony 96') ; Entraîneur : Ibrahima Kamara. Ils ont dit Djamel Belmadi : «Le match était très difficile face à une très bonne équipe ivoirienne, compacte et organisée. Ils avaient la qualité pour nous faire du mal. On a assez dominé ce match, ça reste mon avis. On s'est créé des occasions, on n'a pas été «tueurs» en attaque. C'est une énorme satisfaction de se qualifier pour les demi-finales. Tous les joueurs sont importants, c'est avec ces 23 joueurs que nous avons obtenu ce résultat aujourd'hui. Maintenant, nous devons récupérer dès ce soir pour le match des demi-finales dimanche face au Nigeria, il faut être très bon sur l'aspect de la récupération. Ça sera un adversaire très difficile à jouer. Mon ambition c'était de replacer l'Algérie dans le gotha des équipes africaines, c'est ce qui a été fait aujourd'hui. Il y a le Nigeria, le Sénégal et l'Algérie qui sont qualifiés dans le dernier carré, j'espère que ça sera le cas pour la Tunisie. Nous sommes avec des mondialistes.» Adam Ounas : «Nous sommes très contents pour notre qualification. Il faut continuer à jouer de la sorte. Nous devons rester solidaires et unis, tout le monde, ceux qui ont joué et ceux qui sont restés sur le banc, car il y a 23 joueurs dans cette équipe d'Algérie. Il faut tout donner et j'espère qu'on ira en finale inch'Allah. Je pense qu'on a bien joué. Tout le monde était impliqué et après, il y avait ce problème lié au climat ce soir car on n'est pas habitués à jouer à 18h, sous cette chaleur. Nous sommes en demi-finales, il n'y a pas de petites équipes. Que ce soit le Nigeria ou une autre, il faut aller au bout.» Sofiane Feghouli : «El-hamdou li Allah, c'est une très belle victoire. Je suis très fier de faire partie de cette équipe, de ce groupe magnifique. Merci à tous les supporters qui nous ont soutenus. Nous devons continuer dans cette dynamique et viser désormais la finale.» Andy Delort : «C'était compliqué, on a eu de la fatigue dans les jambes. Il faisait très chaud, avec une grosse humidité par rapport au Caire. Nous allons vite récupérer, d'autant que nous avons une demi-finale importante à jouer dans trois jours (dimanche face au Nigeria, ndlr). Le coach m'a fait confiance en me faisant entrer pour tirer le penalty, je l'ai mis dedans, je suis très heureux. Nous jouons pour nos supporters, on sait qu'ils sont contents de nous, on a eu l'impression de jouer à domicile. Nous allons tout faire pour prolonger ce plaisir.» Baghdad Bounedjah : «Je demande pardon à nos supporters d'avoir raté le penalty qui aurait pu nous mettre à l'abri. J'aurais pu avoir des remords en cas d'élimination. Mes coéquipiers m'ont beaucoup soutenu, je les remercie. Maintenant, nous devons viser la finale.» Ramy Bensebaïni : «On savait très bien que cette rencontre n'allait pas être facile. Nous l'avons très bien préparée en suivant les consignes de notre entraîneur. El-hamdou li Allah, nous avons réussi à nous qualifier. Pour le match des demi-finales face au Nigeria, nous allons aussi bien le préparer. Sur le plan personnel, je me sens en forme et tant mieux pour moi. Je suis là pour donner un plus à l'équipe nationale à n'importe quel moment.»
Victime d'une luxation à l'épaule Atal ne reviendra pas ! Coup dur et larmes aussi ! Atal, balancé en zone de vérité par le terrible Kanon, est out pour la dernière ligne de cette CAN. C'est une luxation à l'épaule qui empêchera le jeune latéral volant des Verts et des Aiglons de reprendre du service moins d'une demi-heure après l'entame du choc Algérie-Côte d'Ivoire. Le diagnostic ne saurait tarder. Pour une telle blessure ce sont 21 jours d'immobilisation de l'épaule «dépecée». Youcef Atal a compris sa douleur avant même que le médecin de la sélection n'arrive à son secours. Courageux, il a supporté l'insoutenable douleur. Et a fait pleurer Belmadi. Djamel, l'affectueux coach, a expliqué, lors de la conférence d'après-midi, qu'il regrette la blessure de son jeune joueur. Désolé, le sélectionneur annoncera : «On se dirige vers une fin de tournoi pour Atal» et expliquera que son émotion est d'ordre humain. Et pour cause ! Atal, en larmes et affecté par une atroce douleur de son épaule strappée, voulait participer à la série de tirs au but. Même blessé, sans jouer, Atal terminera sa CAN. M. B. Il n'a pu terminer le match Petite alerte pour Feghouli Côté algérien, il était l'homme du match avant que M'Bolhi ne lui enlève cet honneur en stoppant deux penalties ivoiriens pour offrir le sésame des demi-finales à l'Algérie. Feghouli, buteur, a quitté le terrain à la 120e minute. Fatigue ? Blessure ? Ou blessure de fatigue? Le milieu offensif de Galatasaray a laissé entendre qu'il est possible qu'il soit forfait pour le match de demain soir contre le Nigeria. Sans expliquer le pourquoi. Feghouli, qui a couru et a pris des coups des gaillards ivoiriens pendant les deux heures qu'il a passées sur le terrain du stade de Suez, fera savoir seulement que les remplaçants sont là pour accomplir «brillamment» le boulot. Simple alerte ou vraie blessure? Feghouli et le public algérien le sauront dans les heures qui viennent. Le connaissant, un forfait n'est pas envisageable. Souvenons-nous son match héroïque contre l'Allemagne en 2014 qu'il a joué avec un strapping sur la tête. Cela va de mèche avec l'esprit de guerrier du capitaine en second des Verts. M. B.