Les unes après les autres, le Front de libération nationale perd la présidence d'institutions stratégiques. Dernière en date, celle de l'APN. Il ne lui reste de parti majoritaire qu'une appellation vide de sens, dans un contexte politique des plus incertains. La descente aux enfers du FLN a débuté avec la chute de son président, l'ex-président de la République. Nawal Imès - Alger (le Soir) - En perdant son président, poussé vers la démission, le Front de libération nationale était certainement loin de se douter que cette onde de choc politique provoquerait une véritable succession d'événements qui mènerait le parti à n'être pratiquement présent à la tête d'aucune institution. Toujours en tête, grâce à une machine électorale rodée à la fraude, le parti était assuré d'une omniprésence au sein de toutes les institutions. Mieux encore, il avait des assurances d'en prendre la tête. Qu'il s'agisse du Conseil constitutionnel, de l'APN ou même du Premier ministère, c'est dans le personnel politique issu de cette formation politique qu'il était presque évident de puiser. Depuis l'indépendance du pays, et à l'exception de la parenthèse 1997-2002, où le RND dirigeait l'institution, c'est à un représentant du FLN qu'est toujours revenue la mission de gérer les affaires de la Chambre basse du Parlement. Et pour cause, les gouvernements successifs étaient soucieux de s'assurer qu'aucune résistance ne viendrait entraver le processus devant aboutir à l'adoption des nombreux textes de loi. Rabah Bitat ouvrait le bal en 1977. L'APN sera, par la suite, présidée par Abdelaziz Belkhadem, avant que la présidence ne soit confiée successivement à Karim Younès, puis Ammar Saâdani, Abdelaziz Ziari, puis Mohamed Larbi Ould Khelifa, avant l'épisode de Saïd Bouhadja qui s'est terminé par une démission forcée et, enfin, celui de Moad Bouchareb, poussé à quitter la présidence de l'APN non seulement par des groupes parlementaires de l'opposition et ceux de l'ex-Alliance présidentielle mais également par ceux de son propre parti. Jamais la présidence de l'APN n'avait échappé au plus vieux parti. Au niveau du Conseil de la Nation, le parti a dû, au gré des conjonctures politiques, partager le perchoir avec son frère ennemi, le RND. Chérif Messaâdia et Bachir Boumaâza y ont néanmoins laissé leurs empreintes. C'est, d'ailleurs, actuellement la seule institution qui est restée entre les mains du FLN. Salah Goudjil est, en effet, président du Sénat par intérim. Il doit ce poste à la nomination de Bensalah à la tête de l'Etat et au seul fait qu'il soit la personne la plus âgée, comme le stipule le règlement intérieur du Sénat. Le Conseil constitutionnel, autre pivot d'un pouvoir très centralisé, a rarement échappé au plus vieux parti. Mourad Medelci et Tayeb Belaïz et Mohamed Bejaoui y ont été nommés certainement pour leur loyauté à l'ancien chef de l'Etat. Ce dernier a puisé dans les rangs du FLN pour nommer ministres et Premiers ministres. Le gouvernement d'avant début du processus révolutionnaire comptait au moins quatorze ministres issus du FLN. Seuls deux d'entre eux ont survécu au tsunami populaire. Privé de cette dominance politique, le vieux parti se retrouve aujourd'hui à la croisée des chemins. La reconfiguration de la classe politique pourrait lui coûter encore plus cher. N. I.