Les Béjaouis sont sortis aussi nombreux dans la rue que les semaines précédentes depuis plus de cinq mois, avec le même mot d'ordre de rejet du système et pour réclamer le départ de l'ensemble de ses symboles. Pour ce 23e acte des manifestations du vendredi contre le régime, et sous une chaleur de plomb, plusieurs milliers de manifestants ont battu le pavé pour réitérer l'exigence d'une rupture radicale avec l'ancien système. Comme d'habitude, la marche s'est ébranlée vers 13h30 de l'esplanade de la maison de la culture Taos- Amrouche pour sillonner la rue de la Liberté jusqu'à la haute ville avant de descendre vers l'arrière-port. Dans une ambiance riche en couleurs, brandissant des drapeaux national et amazigh, déterminés, et plus que jamais engagés, les manifestants ont scandé des slogans habituels fustigeant ceux qui détiennent la réalité du pouvoir dans le pays. La rue béjaouie a tenu à réaffirmer le rejet de tout dialogue et de toute élection avec ceux qui incarnent le système. Pour les Béjaouis, la solution politique à la crise passe par la mise en place d'une véritable transition démocratique à même de permettre au peuple d'exercer totalement sa souveraineté. Les personnalités proposées pour mener la médiation dans le cadre «du dialogue national inclusive» ont été fortement dénoncées par la foule impressionnante de manifestants qui a aussi exigé la libération de tous les détenus d'opinion et les manifestants poursuivis pour le port de l'emblème amazigh lors des précédentes marches. Le chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, ainsi que le chef d'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, ont été, une fois de plus, la cible des manifestants qui ont réclamé leur départ. Des pancartes et des banderoles ont été également brandies par les manifestants demandant la mise au musée du FLN et la dissolution des deux Chambres du parlement. A. Kersani