Pour ce dix-septième vendredi de manifestation de rejet du système, la mobilisation citoyenne était une autre fois au rendez-vous à Béjaïa. Des milliers de personnes venues de différentes localités de la wilaya, munies de drapeaux algériens et amazighs, des banderoles et pancartes réclamant un changement radical du régime et une réelle transition démocratique dans le pays, ont investi la rue avec la même détermination. Les premiers groupes de manifestants commençaient à affluer vers l'esplanade de la Maison de la culture Taos-Amrouche, rendez-vous hebdomadaire avant l'entame de la manifestation. Sur place, les premiers groupes de manifestants qui se sont formés en attendant le début de la marche commentaient les incarcérations de la veille des deux anciens premiers ministres, Ouyahia et Sellal ainsi que l'ex-ministre du commerce et président du MPA, Amara Benyounes. Comme chaque semaine , la procession humaine s'ébranle vers les coups de 13h30 pour arpenter les principales rues de la ville de Béjaïa en reprenant en boucle les slogans en faveur du départ de l'ensemble des anciennes figures du système . «Bensalah rayah, rayah, eddi Gaïd Salah», «klitou l'blad ya saraqine», «djazaïr hourra dimocratia», sont autant de slogans scandés par des manifestants qui ont dirigé le gros des attaques contre Gaïd Salah, Bedoui et Bensalah. «Pas de dialogue, pas de négociation : partez tous», «le peuple veut une transition démocratique avant toute élection», portés sur des pancartes brandies lors de la marche résume également le sentiment de l'ensemble des manifestants rejetant en bloc l'offre de dialogue et l'élection présidentielle des décideurs au pouvoir. Pour cet acte 17 de mobilisation du peuple rejetant le régime en place dans le pays qui coïncide avec la célébration du 18e anniversaire de l'historique marche du 14 juin 2001 sur Alger, violemment réprimée par la police de Zerhouni pour rappel, la population de cette région de la Basse Kabylie a tenu également à rappeler cette date gravée dans les mémoires et rendre hommage aux milliers de blessés et les 126 martyrs du printemps noir assassinés par le pouvoir du même ancien président de la République , Bouteflika forcé à démissionner par le peuple. «14 juin 2001-14 juin 2019, même système, même combat» est l'un des mots d'ordre écrit sur une large banderole par les manifestants pour rappeler les douloureux et sanglants événements du printemps noir de 2001. «Kabylie chouhada», «mazalagh d'imazighen», «ulac smah ulac» ont été, ainsi que quelques mots d'ordre, scandés comme un seul homme par les manifestants qui ont également déployé des banderoles exigeant le jugement des assassins des jeunes manifestants du printemps noir 2001. Par ailleurs , il convient de signaler que de nombreuses manifestations de célébration du 18e anniversaire de l'historique marche du 14 juin 2001 du mouvement citoyen ont été observées dans plusieurs localités de la wilaya . A El Kseur, une soirée hommage a été observée le 11 juin pour rappeler aussi le 18e anniversaire de la rédaction de la plate-forme du mouvement dans cette ville par les différents représentants des archs le 11 juin 2001. Une plateforme contenant les principales revendications du mouvement citoyen que près de trois millions de manifestants venus de toutes les localités de la Kabylie ayant pris part à la marche du 14 juin 2001 sur Alger entendaient remettre au président de la République en poste à l'époque , Abdelaziz Bouteflika. A. Kersani