L'ancienne capitale des Hammadites a de nouveau vibré, hier après-midi, au rythme d'une imposante marche pacifique qui a démarré vers 14h, depuis l'esplanade de la maison de la culture Taos-Amrouche jusqu'au boulevard Amirouche, en haute-ville. Munis de l'emblème national, du drapeau amazigh, de banderoles et autres pancartes portant les mots d'ordre de la marche, les manifestants ont eu à sillonner le boulevard de la Révolution, allant du carrefour d'Aâmriw jusqu'à celui de Nacéria, puis la symbolique rue de la Liberté jouxtant le siège de la wilaya de Béjaïa avec la placette de la Liberté d'expression baptisée du nom du défunt journaliste Saïd Mekbel. En plus du chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, du Premier ministre, Noureddine Bedoui, et de son gouvernement, les manifestants ont fortement réclamé le départ du chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah. "Bensalah rayeh, rayeh, eddi maâk Gaïd Salah", "Ni Salah ni Bensalah, le système rayeh, rayeh", ne cessaient de scander à tue-tête les marcheurs de Béjaïa. C'est dire que le vice-ministre de la Défense, qui multiplie ces derniers temps des discours politiques usant d'un ton menaçant à l'adresse de l'opposition, a fini par s'attirer les foudres d'un peuple en révolution. Notons que les Béjaouis se sont montrés, en outre, solidaires avec le P-DG du groupe Cevital, Issad Rebrab, dont l'incarcération a scandalisé tout le peuple algérien. "Libérer Rebrab !", "Jugez les vrais criminels", "On a demandé d'emprisonner Saïd et non pas Issad Rebrab !", lit-on sur de nombreuses pancartes exhibées par les manifestants tout au long de leur marche d'hier. Ces derniers, visiblement indignés par le sort réservé au plus grand investisseur privé à l'échelle maghrébine, ont mis en garde les responsables de la cabale judiciaire dont est victime le patron de Cevital, quant aux conséquences d'une telle forfaiture de trop. Par ailleurs, il faut souligner que la devise chère au défunt Abane Ramdane, à savoir "La primauté du civil sur le militaire", qui fut d'ailleurs l'un des principes cardinaux de la Charte de la Soummam, a été remise au goût du jour par les Béjaouis, à la faveur de la 10e manifestation de rue contre le système en place.