Pour ce dixième vendredi consécutif, le chef-lieu de la wilaya de Béjaïa a vibré, une nouvelle fois, au rythme d'une grandiose marche de contestation citoyenne du système politique. En effet, comme les semaines précédentes, la mobilisation populaire était au rendez-vous. La population de cette région de la Basse-Kabylie est sortie massivement dans la rue pour crier haut et fort son refus d'une transition tronquée et réclamer le départ de toutes les figures ayant incarné ce système. La manifestation d'hier a drainé des centaines de milliers de personnes venues des différentes localités de la wilaya . Les manifestants affluaient en milieu de journée par milliers des différents quartiers du centre-ville vers le lieu de l'entame de la marche observée à partir de l'esplanade de la Maison de la culture. Une ferme détermination à descendre dans la rue jusqu'au départ du système se lisait sur tous les visages des manifestants. «Rien, ni personne n'arrêtera le peuple dans sa marche vers la liberté», lit-on sur une pancarte d'un manifestant qui résume cette détermination de la population de Béjaïa à l'instar de toutes les régions du pays à ne pas baisser les bras jusqu'à la réappropriation de la totale souveraineté du peuple. Hommes, femmes, jeunes, vieux, en famille avec des enfants en bas âge, les manifestants ont défilé avec le même mot d'ordre majeur, l'exigence du départ du système et de tous ses symboles. Drapés de l'emblème national et des couleurs amazighes pour rappeler l'identité millénaire du peuple algérien, les manifestants n'ont pas cessé, comme les précédentes manifestations, dans une ambiance joyeuse, d'entonner des chants fustigeant le système. Des slogans s'élevant contre ce qui est qualifié d'une justice aux ordres et pour réclamer une justice transparente loin des luttes des clans ont été aussi scandés ce vendredi. «Aâdala, aâdala moustaquila !», «Pour une justice indépendante et transparente !», ont été entonnés par la foule qui a également brandi de nombreuses banderoles sur lesquelles sont portés plusieurs mots d'ordre de dénonciation du système politique en place depuis l'indépendance. «Pour un Etat de droit, une Algérie meilleure, une démocratie majeure : vive la lutte !», «Non à la séquestration des institutions du peuple !», «Pour une Algérie algérienne !», «Votre justice doit passer en justice !», «Une société de jeunes gouvernée par des vieux !», «Un seul héros le peuple !», «Système dégage, primauté du politique sur le militaire !», «Pour une véritable transition démocratique, pour une deuxième République !», «Dissolution des deux Chambres, béquilles du système, députés et sénateurs de la honte berra !» etc., sont quelques mots d'ordre entre autres écrits sur les nombreuses banderoles et pancartes brandies par les manifestants qui ont battu le pavé durant plusieurs heures avant de se disperser dans le calme et une totale sérénité. A. Kersani