Pour ce 23e acte de la mobilisation populaire, la rue, à Tizi-Ouzou, a de nouveau renoué avec la contestation. Cette nouvelle journée d'action, coïncidant avec les vacances estivales, a rassemblé des milliers de marcheurs qui n'ont pas dérogé à leur exigence de rupture avec le système en place depuis 1962. «Y en a marre de ce pouvoir !», «Système dégage !», «Pour une nouvelle République !», «Pour un Etat civil et non militaire !», ont-ils, de nouveau, scandé. «Analhu, analhu, alla ma yaghli udavu (on marchera jusqu'au départ du système) !» Un slogan auquel fait écho ce mot d'ordre sous forme de défi : «La révolution continue !», lancé par un groupe de marcheurs sur une grande banderole. De par la présence massive de marcheurs et le contexte politique dans lequel il est intervenu, ce 23e vendredi est une journée test pour beaucoup de militants et d'activistes politiques car intervenant sous une chaleur caniculaire, et au lendemain de l'annonce par la présidence de l'Etat, de la composante du panel de personnalités devant conduire le dialogue pour la sortie de crise. Une initiative perçue par beaucoup d'entre eux comme une ultime manœuvre du pouvoir pour étouffer la révolution. Dans la foule, Ramdane, 58 ans, ne voit pas d'un bon œil la démarche lancée par Bensalah. «Ça m'a remotivé à descendre dans la rue car le projet défendu par le pouvoir est aux antipodes des exigences populaires», nous a-t-il expliqué. «Nul n'est contre le dialogue, il est incontournable. Mais pas dans les conditions et le timing choisis par le pouvoir», s'empresse-t- il d'ajouter. Un sentiment largement partagé par les autres marcheurs qui rejettent en bloc l'initiative relancée jeudi dernier par Bensalah. «On ne dialogue pas avec les imposteurs !», «Dialoguer avec la 3issaba est une trahison !», scandent les manifestants qui interpellent ainsi les personnalités qui ont accepté de figurer dans le panel. «La hiwar, la chiwar, arrahil obligatoire ! (Ni dialogue, ni consultation, le départ (du pouvoir, ndlr) est obligatoire», clament les manifestants qui continuent à dénoncer la mise au pas de la justice et des médias. La libération de tous les détenus politiques est instamment réclamée par la rue qui insiste sur le maintien de la mobilisation populaire et dans l'unité des rangs. «Main dans la main pour dégager Gaid Salah et la 3issaba !» S. A. M.