Dans le sillage de leur rejet du dialogue, les manifestants ont scandé des slogans exprimant le rejet de la présidentielle autour de laquelle le pouvoir veut limiter le dialogue. Ni la chaleur, pourtant de plus en plus insupportable, ni la tentation des vacances, ni la nouvelle proposition de dialogue faite par le pouvoir n'ont eu raison de la mobilisation populaire à Tizi Ouzou où, hier encore, et pour le 23e vendredi consécutif, une grande marée humaine a envahi la ville pour réaffirmer la volonté du peuple d'en finir avec le système et d'instaurer une véritable démocratie. C'est à coups de "La hiwar, la chiwar, erahil obligatoire", qui résume assez clairement le refus du peuple de tout dialogue avec le pouvoir et qui montre l'attachement profond à la revendication initiale du départ de tout le système, que la marche s'est ébranlée, à 13h30, de l'esplanade du stade du 1er-Novembre, qui est, depuis quelques semaines déjà, le lieu de départ des marches du vendredi pour le gros de la foule qui évite la montée, très exposée au soleil, de l'université Mouloud-Mammeri. Ce slogan a prédominé tout le long de la marche. Il a été repris en chœur, dans tous les carrés, par les manifestants. Lui succédait presque systématiquement le slogan appelant à l'application de la volonté du peuple : "El-mada 7, soulta li chaâb." De nombreuses pancartes brandies par les manifestants appuyaient également ce rejet de dialogue avec Bensalah. "Pas de dialogue avec le système maffieux qui veut piéger le peuple. Nos revendications sont claires : ‘Dégagez tous !'", lit-on sur une imposante pancarte. "Pas de dialogue avec les imposteurs" est le slogan écrit sur une autre pancarte brandie par un manifestant âgé sur la route longeant le CHU. "Le peuple revendique la souveraineté et l'indépendance, el-îssaba prépare à changer la langue de la colonisation par une autre", "Transition obligatoire : 7, 8 et 12 : souveraineté populaire" est écrit sur d'autres. Dans le sillage de ce rejet du dialogue, les manifestants scandaient également des slogans exprimant le rejet de la présidentielle autour de laquelle le pouvoir veut limiter le dialogue. "Makanch intikhabat ya el-îssabat", scandaient les marcheurs avec insistance. "Celui qui vous a trahis dans le voyage de la finale vous trahira dans le processus électoral", lit-on également sur une pancarte. La foule, impressionnante comme à chaque fois en arrivant au boulevard Abane-Ramdane, ne s'est pas seulement limitée à exprimer son rejet du dialogue, mais aussi à plaider pour un Etat civil. Ainsi, comme chaque vendredi, la foule scandait : "Dawla madania matchi âaskaria" avec le même acharnement depuis que le chef de l'état-major de l'armée a voulu l'interdire des manifestations. Un slogan qu'on retrouve également sur de nombreuses banderoles déployées par des manifestants qui scandaient : "Y en a marre des généraux", "Gaïd Salah dégage" ... Tout au long de la marche, la foule ne cessait également d'appeler à la libération des détenus d'opinion et ceux emprisonnés pour port du drapeau amazigh. "Libérez les détenus d'opinion. Le dysfonctionnement n'est pas dans l'identité mais dans la justice", lit-on sur une large banderole placée en première ligne d'un imposant carré de manifestants. Samir LESLOUS