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«Nous sommes dans la transition !»
BENELHADJ MOUHAND OUAMAR, SG DE L'ONM, AU SOIR D'ALGERIE :
Publié dans Le Soir d'Algérie le 13 - 08 - 2019


Entretien réalisé par Karim Aimeur
Le secrétaire général par intérim de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), Benelhadj Mouhand Ouamar, qui a adopté des positions audacieuses depuis le début du mouvement populaire du 22 février, estime que l'Algérie est en pleine transition depuis, au moins, l'expiration du mandat de 90 jours d'Abdelkader Bensalah à la tête de l'Etat. Dans l'entretien qu'il nous a accordé, il affirme que, quel que soit le nom qu'on donne à cette phase, l'essentiel est de préparer les conditions d'organisation de l'élection présidentielle, avec la mise en place d'une instance crédible, disposant des pleins pouvoirs. Pour lui, le panel de Karim Younès a toutes les chances d'échouer pour la simple raison qu'il a été mis en place de manière unilatérale par le pouvoir. Et malgré le dernier discours musclé du chef d'état-major de l'armée, Benelhadj Mouhand Ouamar réitère son appel à la libération du moudjahid Lakhdar Bouregaâ et des jeunes incarcérés pour avoir brandi le drapeau amazigh lors des marches populaires.
Le Soir d'Algérie : Le mouvement populaire, déclenché le 22 février, traverse les mois et les saisons en préservant sa mobilisation et son caractère pacifique, sans faire de concession sur ses principales revendications. Pourquoi le maintien de cette dynamique et quel en est le secret ?
Benelhadj Mouhand Ouamar : C'est dû au ras-le-bol de chacun. Comme disent les physiciens, toute action engendre une réaction, ou des réactions. C'est ce qui s'est passé chez nous. Pendant très longtemps, l'Algérie a ressemblé à une cocotte-minute qui était sur un fourneau et même la soupape a été bloquée. Il est arrivé le moment où tout a sauté. Le mouvement du 22 février ressemble à ce qui s'est passé en Novembre 1954, à la différence qu'en 1954, c'était un mouvement qui devait procéder à casser tout ce qui représentait le colonialisme français.
C'était un travail de destruction de l'adversaire, à travers l'action armée. Quant au mouvement du 22 février 2019, c'est l'éveil ou le réveil de l'écrasante majorité du peuple qui était étouffé, des gens qui ne pouvaient pas dire ce qu'ils pensaient, soumis à une politique clanique, de régionalisme, les richesses du pays étaient mal partagées, donnant naissance à une classe d'oligarques amassant des fortunes colossales.
Certains économistes l'ont dit : 10% d'Algériens ont disposé de 90% des revenus du pays, provoquant des disparités entre citoyens, entre familles et entre régions aussi. Tout cela n'est pas conforme aux idéaux de Novembre de citoyenneté et d'égalité. Il y a aussi la mauvaise gestion du pays et l'injustice. Tout cela a donné une énergie à notre jeunesse qui constitue la majorité du peuple algérien.
Pensez-vous que le mouvement va s'éteindre avant d'atteindre ses objectifs ?
Je ne pense pas que ce mouvement s'éteindra avant la satisfaction de ses revendications. L'élan est donné et chaque citoyen est conscient de sa position maintenant. Un changement est indispensable car le pourrissement a eu lieu. On peut retourner à la théorie de Hegel, à savoir le grain de blé. Maintenant le blé a germé. Il faut une synthèse et des réformes profondes doivent arriver dans un temps qui ne doit pas être très long.
Après six mois du déclenchement du mouvement, et face à l'entêtement du pouvoir de vouloir imposer sa feuille de route, des manifestants menacent de durcir la contestation et brandissent le spectre de la désobéissance civile. Cette option est-elle une bonne chose pour le mouvement ou comporte-t-elle un risque pour lui ?
La désobéissance civile veut dire l'autodestruction du mouvement. Celui qui l'applique est pour l'autodestruction du pays. Même pour combattre la France coloniale, on n'avait pas recours à une pareille action.
Cette démarche et forme de protestation est-elle synonyme de violence ?
Ce n'est pas un problème de violence. La désobéissance civile signifie que les gens ne vont pas travailler, ne vont pas payer les impôts, ne vont pas s'acquitter des factures… C'est la négation de tout. C'est l'arrêt total de l'Etat. Les dangers sont sur le plan socio-économique.
Même pour avoir du pain, des problèmes seront posés, les gens vont s'entretuer pour un pain. Nous importons 70% de notre pain, qui est notre aliment de base..
Ça ne va pas marcher et ça ne mènera nulle part.
Les manifestations de vendredi dérangent le pouvoir. Il faut quelque chose de ponctuel et de périodique qui arrange les gens. Il faut voir avec les corporations, les partis politiques n'existent plus pratiquement.
L'action populaire enclenchée est menée par des citoyens qui ne se trouvent pas dans une même classe politique. Les magistrats ont manifesté, les avocats, les enseignants, les étudiants… Il y a différentes corporations.
Et il y a aussi les laissés-pour-compte qui constituent la majorité du Hirak. Socialement parlant, il n'y a pas un objectif unique. Le seul objet de changement du pouvoir ne suffit pas. C'est la composante aisée du Hirak qui va en profiter. Il faudrait penser à l'après-changement du pouvoir qui devrait entraîner le changement du système socio-économique qui garantira la justice sociale.
La solution à la crise se complique de plus en plus. D'un côté, un mouvement populaire qui insiste sur ses revendications et, d'un autre côté, un pouvoir décidé à imposer son plan. Est-il raisonnable de prévoir une élection présidentielle dans les mêmes conditions et avec les mêmes mécanismes et personnels ayant présidé à l'annulation de deux rendez-vous électoraux ?
Notre organisation a émis son avis le 17 juin. Il n'a pas changé. Nous avons proposé la création d'une structure qui s'occupe des élections du début jusqu'à la proclamation des résultats.
Autrement dit, l'ancien appareil, à savoir le gouvernement désigné par le Président sortant, n'est pas crédible. Il faut un nouveau gouvernement avec un rôle d'intendance. Pour éviter le trafic et la fraude électorale, tout relèvera de la nouvelle instance composée de représentants du peuple. Or, nous voyons actuellement qu'il y a une instance mise en place de manière unilatérale sur initiative du président de la République. Dans ces conditions, c'est à l'autorité en place que revient le pouvoir d'organiser les élections. C'est une injustice et c'est mépriser les millions d'Algériens qui réclament le changement. Si le système organise les élections, le résultat est connu d'avance et le futur Président ne sera pas l'émanation du peuple.
Justement, le panel de dialogue conduit par Karim Younès va entamer son travail. Quel est votre avis sur cette instance ? A-t-elle des chances de réussir ?
Premièrement, la composante humaine actuelle de cette instance ne reflète pas la population algérienne. Deuxièmement, il faut écouter les millions de manifestants qui retirent la confiance à ceux qui ont assumé des missions officielles importantes dans les années précédentes. En principe, on aurait dû réfléchir à cela et choisir des personnes crédibles non usées par l'exercice du pouvoir. Il y a aussi un problème de neutralité.
Les membres doivent au moins avoir la pudeur d'afficher leur neutralité. Il y a une juriste qui traite les manifestants incarcérés pour avoir brandi l'emblème amazigh de voleurs. La couleur est donc annoncée. Cette instance a toutes les chances d'échouer. Même si elle arrive aux élections, le Président qui en sera issu ne sera pas estimé par le peuple. Il faut de grandes réformes pour notre pays. Il faut crever l'abcès.
Dans son dernier discours, le chef d'état-major de l'armée a rejeté les préalables posés par le panel avant l'entame du dialogue. Peut-on aller au dialogue dans ces conditions et sans aucun préalable ?
C'est son opinion et je n'ai pas à lui répondre. Il faut déverrouiller les choses. Le moudjahid Lakhdar Bouregaâ et les jeunes incarcérés pour avoir porté l'emblème amazigh doivent être libérés. I
l faut créer une instance crédible pour organiser les élections et non pas mettre en place une équipe à son obédience pour résoudre la crise. Il faut un minimum de franchise. Nous maintenons notre proposition pour la sortie de crise. Nous avons proposé une instance représentative de tous les Algériens et ayant tout le pouvoir.
Certains partis plaident pour une période de transition…
Mais nous sommes dans la transition. Il ne faut pas s'accrocher aux mots. Le mandat du chef de l'Etat a expiré. Qu'on l'appelle transition ou autre, le fait est là : la durée du mandat légal de Bensalah est dépassée. Mais il faut que l'Etat soit maintenu. Il y a des moments où la nécessité fait loi. Pour sauver un pays, on peut s'accrocher même à un mythe, s'il le faut.
Le rôle des partis de l'Alliance, contre lesquels le peuple s'est mobilisé, dans la sortie de crise fait polémique. Nombreux sont ceux qui soutiennent que ces partis ne doivent participer à aucune solution, étant à l'origine de la crise. Selon vous, doit-on associer ces partis, notamment le FLN et le RND, à la solution ou, plutôt, doit-on les dissoudre ?
Pour le parti FLN, ce sigle ne doit pas être utilisé comme une étiquette sur une chkara. Nous avons demandé à ce qu'il soit retiré. Ils n'ont pas le droit de l'utiliser pour mener la politique qu'ils mènent avec leurs méthodes. Il faut qu'il change de nom. Pour tout ces partis, s'ils veulent s'autodissoudre, c'est leur affaire. Que représentent-ils, eux et tous les autres partis ? On n'a pas à préjuger de la fin de ces partis.
Ça dépend d'eux et du nouveau pouvoir qui succédera à celui d'aujourd'hui..
K. A./p


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