Toujours aussi engagés et très déterminés, les Béjaouis ont réinvesti le chemin de la protestation, hier, pour réitérer l'exigence d'une rupture radicale avec l'ancien régime et le départ de l'ensemble de ses anciennes figures. En ce 26e acte de contestation continue du système, plusieurs milliers voire des dizaines de milliers de personnes, venues des différentes municipalités de cette région de la Basse-Kabylie ont convergé vers le chef-lieu de wilaya de Béjaïa pour renouveler leur revendication majeure d'une transition démocratique à même de permettre au peuple d'exercer totalement sa souveraineté. Au milieu de la journée, soit près de deux heures avant l'entame de la marche, l'esplanade de la Maison de la culture Taos Amrouche , lieu de rendez-vous hebdomadaire des manifestants, était déjà noire de monde malgré la très forte chaleur. Jeunes, moins jeunes, adolescents, adultes, femmes, vieux et vieilles ont tenu à marquer par leur présence cette énième manifestation de rejet du système et de ses symboles. Dans la même ambiance riche en couleurs, l'impressionnante procession humaine s'ébranle pour arpenter le parcours habituel de la manifestation passant par la très longue rue de la Liberté, le boulevard Amirouche dans la haute ville et l'arrière-port en scandant des slogans hostiles aux tenants du pouvoir. Déployant des drapeaux national et amazigh, la foule a également brandi des banderoles et autres pancartes sur lesquelles sont portés des mots d'ordre résumant les aspirations du peuple en faveur de l'instauration d'un véritable Etat de droit. Tout en réclamant la libération des manifestants arrêtés pour le port de l'emblème amazigh et celle du moudjahid Lakhdar Bouregaâ ainsi que l'ensemble des détenus d'opinion , la foule de manifestants n'a pas cessé de déverser sa colère face au chef de l'état-major de l'armée, exigeant son départ tout comme le chef de l'Etat par intérim et le gouvernement Bedoui. Les manifestants qui ont fait montre d'une ferme détermination à se faire entendre quitte à occuper indéfiniment la rue se sont violemment pris également aux membres du panel chargés de mener le dialogue pour l'organisation d'une élection présidentielle dans «les plus brefs délais». La rue béjaouie a une nouvelle fois réaffirmé fermement son rejet de tout dialogue et élections avant la mise en place d'une véritable transition démocratique et le départ de ce qu'elle qualifie de «îssaba» (bande). Il convient de signaler qu'une marche populaire similaire de contestation du régime en place ayant drainé une imposante foule de manifestants a été organisée dans la même journée de ce vendredi à Akbou sous les mêmes mots d'ordre de rejet du système tout en réclamant la mise en place d'une transition démocratique et la libération des détenus du mouvement populaire. A. Kersani