L'agenda présidentiel a été formalisé. L'Instance de médiation (le panel) a remis dimanche son rapport dans les temps. Lundi, sans attendre, le Conseil des ministres l'a adopté. Le processus de l'organisation de la présidentielle est donc en route. Mais sans arrêter la date de convocation du corps électoral, ce qui, sauf surprise, ne saurait tarder, le général Gaïd Salah proposant le 15 septembre. Le Parlement, avec toujours les mêmes, ceux qui soutenaient bruyamment le 5e mandat, va entériner sans état d'âme, les lois portant organisation du scrutin présidentiel. Cette adoption a eu lieu au moment même où, après les chaleurs de l'été, le mouvement citoyen reprend de la vigueur. La mobilisation de vendredi et celle de mardi (les étudiants) rappellent les moments forts de la mobilisation citoyenne d'avant le mois de Ramadhan, pour dire non à une élection présidentielle synonyme de reconduction du système presqu'en l'état. Et c'est bien là la vraie difficulté que le panel a tenté de contourner en faisant des propositions qui à la lecture du communiqué du Conseil des ministres n'ont pas été mentionnées, comme celle proposant une «transition constitutionnelle» qui aurait lieu après «l'entame de la présidentielle» — donc pas avant ! au cours de laquelle une nouvelle Constitution serait élaborée et adoptée par référendum ! Quant aux mesures d'apaisement demandées par l'Instance de médiation, le Conseil des ministres ne les a pas non plus évoquées. Le panel le savait et on peut présumer qu'il les a proposées pour se donner bonne conscience, lui qui avait menacé de se retirer si les préalables demandés n'étaient pas satisfaits. Mais ça, c'était avant… La crise est profonde. Tout le monde le sait. Et de ce fait, même la demande de départ du gouvernement Bedoui proposée par le panel – si jamais elle est satisfaite – risque de ne pas changer grand-chose à la situation. Pas plus que la levée de l'immunité parlementaire du député milliardaire de Annaba, Baha Eddine Tliba, demandée par le ministère de la Justice, venant après celles du SG du FLN Mohamed Djemaï et de deux autres députés du parti, ne suffira à convaincre tout ou partie des Algériens à adhérer à l'agenda présidentiel. Et que dire des lois autoritaires, héritage du bouteflikisme, qui restent pendantes ? Partir, dans ces conditions, aux élections avec le seul soutien des islamo-conservateurs et autres résidus du chadlisme et du bouteflikisme que le mouvement populaire a disqualifiés, et de représentants autoproclamés de la société civile que personne ne connaît, ne ferait que prolonger la crise et différer la solution. D'autant, comme ce fut le cas pour les élections passées, ils ne seront pas nombreux à se bousculer devant les urnes. Mais qu'importe, l'essentiel n'est-il pas d'élire un Président quel que soit le taux de participation ? D'ici le 15 septembre – si on le retient comme date-butoir pour la convocation du corps électoral même si le Conseil des ministres n'en a pas fait mention – beaucoup de choses peuvent évoluer ou changer. Car le Hirak – et c'est cela que le pouvoir politique s'obstine à ne pas voir ou admettre — a recentré le débat politique. Confronté depuis le 22 février à une situation inédite, il ne peut continuer à vouloir régler une crise d'une telle gravité par une simple élection présidentielle. H. Z.