La population de Béjaïa est toujours aussi fortement mobilisée, comme depuis le début de la révolte populaire, il y a près de sept mois, contre le système. Pour ce 30e vendredi de manifestations de suite, des milliers de personnes, venues des quatre coins de cette région de Basse Kabylie, se sont donné rendez-vous au chef-lieu de wilaya avec le même engagement à se faire entendre par les tenants du pouvoir. Les Béjaouis ont fait montre, une nouvelle fois, d'une ferme détermination à maintenir le cap de la mobilisation pacifique jusqu'au triomphe de la démocratie et l'instauration d'un véritable Etat de droit dans un pays gangrené par la corruption, depuis des décennies. Les principales artères de la ville de Béjaïa étaient bondées de monde durant pratiquement trois heures avec le même mot d'ordre, le départ de toutes les anciennes figures du régime politique en place depuis l'indépendance. L'impressionnante foule de manifestants de toutes les couches de la société et différentes tranches d'âge a renouvelé une fois de plus, haut et fort, l'exigence d'un changement radicale du système et son refus d'une élection présidentielle avec «la bande». Tout en rejetant les appels lancés par le chef d'état-major de l'ANP pour l'organisation de l'élection présidentielle «dans les plus brefs délais», les manifestants ont réclamé avec force la mise en place d'une transition démocratique qui constitue, a-t-on réaffirmé, «la seule solution de sortie à la crise qui secoue le pays». Il faut dire que tout le long du parcours de la marche, les manifestants ont scandé des slogans visant essentiellement le chef d'état-major de l'armée et affichant leur rejet de ce rendez-vous électoral tant que les symboles de l'ancien système demeurent encore en place. Comme lors des précédents manifestations hebdomadaires à Béjaïa, les marcheurs ont appelé à la libération «immédiate et sans conditions» des manifestants arrêtés pour le port de l'emblème amazigh et l'ensemble des détenus d'opinion à l'instar du maquisard Lakhdar Bouregaâ et Karim Tabbou, porte-parole du parti non agréé l'UDS, interpellé, pour rappel, devant son domicile dans la soirée de mercredi passé. Il convient de signaler que la ville d'Akbou a vibré également au rythme d'une grandiose manifestation populaire sous les mêmes mots d'ordre de rejet du système et de la prochaine élection présidentielle. A. Kersani