Avec les 6% de l'offre mondiale qui font brutalement défaut sur le marché, il fallait logiquement s'attendre à voir une remontée des cours de l'or noir dès la réouverture du marché, soit deux jours après l'attaque des rebelles yéménites houthis contre les installations d'Aramco. Le marché du pétrole a, sans la moindre surprise, réagi de façon brutale à l'attaque de drones menée, samedi, par les Houthis contre l'usine d'Abqaiq et les installations de Khurais, privant ainsi les Saoudiens d'un quota de leur production estimé à 5,7 millions de barils par jour, donc environ 6% de l'approvisionnement mondial. Un haut fait de l'actualité tumultueuse du pétrole à laquelle ont vite réagi les Américains qui ont autorisé le recours à leurs réserves, pour compenser ce manque sur le marché et de la sorte éviter une remontée des cours dans des proportions qu'ils n'agréeraient pas, alors que les Saoudiens ont décidé d'utiliser leurs stocks pour compenser la perte de production. Cela n'a pas empêché le cours de partir à un quasi envol dès l'ouverture du marché asiatique, aux premières heures d'hier, pour voir le baril atteindre un niveau de cours jamais atteint depuis plus de 28 ans. Ainsi, le baril de Brent, brut de la Mer du Nord, s'est offert une envolée de 10,08%, pour marquer 66,29 dollars, après avoir atteint en séance jusqu'à 19,5% de hausse pour frôler les 72 dollars. Des chiffres que les marchés n'ont plus revus depuis janvier 1991. Ceci alors que dans le même temps, le West Texas Intermediate, le brut léger de référence américaine, a enregistré une hausse de 8,97%, pour afficher 59,77 dollars, non sans avoir atteint plus tôt 15,5% de hausse, sa plus forte progression depuis 21 ans. Des chiffres qui ont évidemment résonné fort dans le monde en perpétuel frénésie du pétrole même si, pour calmer un peu le marché, il était fait état du rétablissement dans la même journée d'hier l'équivalent de 2,3 millions de barils par jour, environ le tiers de la production saoudienne perdue lors des attaques houthies de samedi. Une information modérée, toutefois, par une autre, venue celle-là du Wall Street Journal, qui affirmait qu'il faudrait plusieurs semaines avant que l'Arabie Saoudite arrive à rétablir la pleine capacité de sa production. Des développements qui intervenaient alors que couvaient de nouvelles tensions entre les Américains et les Iraniens, notamment après les propos de Mike Pompeo, le secrétaire d'Etat, accusant l'Iran d'être derrière l'attaque de samedi contre les installations pétrolières saoudiennes. De quoi alimenter «copieusement» le très sensible marché mondial du pétrole. Azedine Maktour