Si la marche populaire observée au niveau du chef-lieu de wilaya a réussi à mobiliser quelques centaines de personnes à l'appel de trois organisations syndicales autonomes, à savoir le Cnapeste, SNTE et l'Unpef, le mot d'ordre de grève lancé en direction de l'ensemble des travailleurs, tous secteurs confondus, pour adhérer à l'action de grève cyclique programmée chaque lundi à partir d'hier, n'a été que très timidement suivi. À l'exception de certains établissements scolaires publics de l'intérieur de la wilaya où la consigne de grève a trouvé un écho favorable, l'ensemble des autres secteurs d'activités économiques privés et publics et les administrations ont continué à fonctionner le plus normalement ce lundi. A travers ces deux actions, les initiateurs veulent exprimer leur rejet de ce qui est qualifié de «mascarade électorale du 12 décembre prochain» et réclamer également «la libération immédiate et inconditionnelle des détenus d'opinion, une justice libre et indépendante, le respect des libertés individuelles et collectives, et la mise en place d'un processus transitionnel qui consacrera la justice sociale dans un Etat démocratique et républicain». Quand bien même la population de cette région de la Basse Kabylie, qui a abrité la première manifestation de rue à l'échelle nationale contre le cinquième mandat de Bouteflika un certain 16 février 2019 à Kherrata, reste massivement acquise à l'exigence de la concrétisation effective des revendications du peuple algérien renouvelées hebdomadairement chaque vendredi depuis plus de sept mois. Un arrêt de travail exclusivement à travers la wilaya de Béjaïa et de surcroît dans les établissements scolaires, est visiblement loin de susciter une adhésion. Le faible taux de suivi aux débrayages initiés d'abord par treize autres organisations syndicales autonomes le mardi dernier et ensuite ces trois structures syndicales pour la journée d'hier est révélateur d'un ferme rejet de la population locale de telles actions qui sanctionneraient uniquement les enfants de la wilaya de Béjaïa. «Si un mouvement de grève dans le secteur de l'éducation pourrait faire pression sur le pouvoir, pourquoi ces syndicats n'appellent pas à un arrêt de travail au niveau national ? La Kabylie en général et notre région en particulier ont subi les pires angoisses de ces mouvements de grève à répétition depuis des dizaines d'années déjà dans le cadre du combat identitaire et la cause démocratique par le passé. Aujourd'hui, il faut impliquer l'ensemble des secteurs et tenir à l'écart nos enfants». C'est le sentiment partagé et exprimé dans les discussions d'une majorité de citoyens à travers la wilaya. Ce lundi, en tout cas pour cette première marche des trois organisations syndicales autonomes, même la marche n'a pas drainé grand monde. Le cortège de manifestants a pris le départ de l'esplanade de la Maison de la culture vers le siège de la cour de justice de Béjaïa où un rassemblement fut observé pour réclamer la libération des détenus d'opinion. Tout le long du parcours de la manifestation, la foule a repris en boucle des slogans exigeant le départ du système et ses anciennes figures et rejetant le rendez-vous électoral du 12 décembre prochain. A. Kersani