En effet, elles ne sont pas bonnes les nouvelles. Ni belles. Je suis tellement pris dans le tourbillon de ces mauvaises nouvelles, que ma pauvre caboche risque d'imploser. D'ici demain, je n'espère pas en trouver. Oui, elles se font rares, les bonnes nouvelles. Rien ne nous épargne ! Comme une malédiction, le moustique tigre fait une harga du côté de nos belles contrées. Oui, vous avez bien entendu, le moustique tigre a tenté la traversée de son lointain sol, pour entrer, sans visa, chez nous. Le moustique, petit comme ça, mais efficace comme ça ! Pourtant, c'est juste un moustique. Rien de géant ! Pas n'importe quel moustique, il s'agit d'un moustique tigre. Mais à quoi reconnaît-on un moustique tigre d'un autre moustique ? A ses rayures ? Oui, mais les rayures d'un tigre sont faites pour le camoufler de sa proie. Ça doit être le cas de ce « punaise » de moustique ! J'avais fort à faire avec le moustique national ; désormais, il faut me farcir ce moustique étranger. Je ne verse pas dans la xénophobie « mousticale », je veux juste me prémunir de sa piqûre. Il paraît que ce moustique tigre transmet trois maladies étrangères, aussi ; la dengue, le chikungunya (allez le prononcer rapidement !) ou le zika (à ne pas confondre avec le ou la « ziga » des coiffeurs). Je vous disais que les nouvelles n'étaient pas bonnes. Ni belles. Moi, ce moustique harrag m'inquiète au plus point. Je suis un patriote, kho ! Il faut, tout de suite, mettre hors la loi ce moustique tigre. Quitte à mettre sur sa tête (ou son dard) une récompense, à payer en dinar planché. Ou en dinar emprunté. Je suis sérieux. Je ne veux pas choper le chikun… machin. Ou choper la dengue. Ça se prononce comme « dingue ». Curieux, non ? Je vois d'ici, l'ami Madjid, bouffer sa chique ; il voudrait que je parle d'autre chose, plus sérieux. Autrement plus grave. Comme le hirak ! Ça reste toujours dans mon esprit de mauvaises nouvelles. Car le hirak n'est pas encore sorti de la rue « vendredicale ». Le ministre de la Santé rappelle les mesures à prendre. Là, je me suis marré. Vraiment ! Je dois vérifier les gouttières s'il n'y a pas d'eau stagnante. Pour le moment, tout va bien ; il n'y a pas de pluie. C'est la dèche de ce côté-ci. Il faut vérifier s'il n'y a pas d'eaux stagnantes autour de la maison. Pour le moment, tout va bien ; il n'y a pas de pluie ; puis, la terre est craquelée et vit un stress hydrique immense. Il faut vérifier s'il n'y a pas de pneus usagés autour de la maison. Pour le moment, tout va bien ; je n'ai pas encore changé les pneus de mon tacot. Ah, il faut couvrir tout ce qui peut contenir de l'eau avec un voile ou un tissu. Pour le moment, tout va bien ; ma citerne est étanche. Tout ça pour lutter contre les arboviroses ! Arbovirose, toi-même, me dit une voix intérieure, facétieuse à souhait. Ce que ne dit pas le ministère de la Santé, c'est comment lutter contre le moustique national, celui qui empêche les Algériens de dormir, hiver comme été. Ce moustique qui vient siffler à l'oreille endormie, ou en endormissement, et placer sa piquouze au bon endroit, au bon moment, juste pour emmerder les Algériens que nous sommes. Seigneur, vite, du bon vinaigre. Et ça calme ! Jusqu'à la prochaine ! Sinon deux pastilles, deux bonnes pastilles, pourraient faire justice. Je viens de me rappeler d'une chose capitale : le ministère de la Santé nous assure que le moustique tigre ne pique qu'à l'aube et au crépuscule, principalement à l'extérieur des maisons. Ça me rassure vachement : à l'aube, je suis encore chez moi ; au crépuscule, je suis déjà chez moi. Je suis sûr de ne jamais me faire piquer. Faites gaffe, les lève-tôt et les crépusculaires ! Mais au fait, avons-nous des « insectologues » dans notre pays ? De mauvaises nouvelles ? Encore ? Oui, des « plus » pires ! Dans une contrée de notre beau pays, un hôpital a cramé. J'ai cru comprendre qu'un court-circuit, qui n'avait rien à faire ce jour-là, est venu mettre le feu, juste à l'endroit où des nouveau-nés attendaient l'étreinte de la maman. Juste un court-circuit ! Huit nourrissons sont partis, « comme ça ». Dans cette salle, ou à côté, n'y avait-il personne ? Une aide-soignante. Une femme de ménage. Un médecin. Une infirmière. Un gardien. Il n'y avait personne. Vraiment personne. Et le personnel de garde ? Il était où, le personnel de garde ? En train de roupiller ? En train de faire une partie de dominos ? En train de boustifailler ? Il était où, le personnel de garde ? Huit nourrissons, ya îbad Allah ! Comment voulez-vous ne pas parler de mauvaises nouvelles ? Y a-t-il seulement une bonne nouvelle, en ce moment ? La candidature de Tebboune ? Ou celle de Benflis ? Ou encore celle de Mihoubi, ce poète égaré dans la gadoue de la politique ? Non, ce n'est pas une bonne nouvelle pour moi. Puis, ces bébés n'ont jamais rien demandé à personne. Ni à venir au monde. Encore moins le quitter de cette horrible façon. J'ai envie de pleurer. Je n'y arrive pas. Je voudrais hurler mon impuissance. Le cri se bloque dans mes cordes vocales. Le personnel a été suspendu. Et alors ? Ça ne les fera pas revenir, ces anges ! Ce n'est pas suffisant. Ce n'est jamais suffisant. Dire qu'on parle de milieu hospitalier. Mon œil, il est tout, sauf hospitalier. Il est plus qu'inhospitalier. C'est une jungle, oui. Désolé, un court-circuit ne vient pas tout seul. Sauf si on se place au niveau de la négligence. Du laisser-aller. Du laxisme. Du « t'meskhir ». Que voulez-vous dire aux parents ? Des condoléances ? Peut-être. Sans plus. Ça ne les aidera pas. Bien sûr, on invoquera la fatalité. C'est si simple ! Fatum ! Fatum ! Fatum ! Ah, encore une mauvaise nouvelle ! Je ne vois que ça, en ce moment. Et ce n'est pas la candidature (ou pas) de Hamrouche qui va me réjouir. Ni toutes les autres. « Ce n'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend l'homme », comme dit le poète. On y est donc ! La harga reprend de plus belle. Allez, en avant ! Une « barquette », n'importe quoi qui flotte, la mer est belle, allez, tout le monde embarque, voguons vers… Vers où, du reste ? N'importe où ! Y compris, en direction de la mort ! Je ne fais pas de l'humour. Quoique, c'est de l'humour noir ! Ce n'est pas la date du 12 décembre qui empêchera notre jeunesse de foutre le camp. Par n'importe quel moyen ! On tente d'acheter le visa, à n'importe quel prix ! N'y a-t-il que les jeunes qui veulent partir ? Et les vieux ? Ah, les vieux ! Il y a ceux qui se sont résignés définitivement, soignant qui une HTA, qui un adénome de la prostate, qui un diabète sévère. Puis, il y a ceux qui n'ont pas fini de téter le pouvoir, qui en redemande, encore et encore, jusqu'à la nausée. Puis, il y a ceux qui errent dans leurs souvenirs, du temps où la redjla était la redjla. Puis, il y a ceux qui hantent les cafés maures, attendant l'heure d'aller occuper un angle mort d'un F3. Je promets de vous donner de bonnes nouvelles, si jamais il y en a, ce dont je doute, dans ma prochaine chronique. Y. M.