Les arrestations se poursuivent parmi les figures connues du mouvement populaire. Ce jeudi, c'est le président de l'association RAJ qui a été interpellé et conduit vers une destination inconnue. Ce nouvel épisode a provoqué de nombreuses réactions d'indignation. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Durant la journée de jeudi et jusqu'en fin d'après-midi d'hier vendredi, aucune nouvelle de Abdelwahab Farsaoui n'était encore disponible. A la mi-journée, et peu de temps, donc, avant le début de la grande marche de protestation hebdomadaire, l'association de jeunes a publié un communiqué, rappelant que les militants étaient sans nouvelles de leur président. Il indique que Farsaoui avait, toutefois, pu les joindre téléphoniquement, un moment plus tôt, pour leur faire savoir qu'il se trouvait toujours dans un commissariat. Pas d'indication non plus sur le lieu où ce dernier se trouvait en détention depuis jeudi en milieu de matinée, moment auquel s'est donc déroulée l'interpellation. Le président de RAJ se trouvait à ce moment devant le tribunal de Sidi-M'hamed, fidèle au rendez-vous durant lequel se rassemblent, chaque semaine, de nombreux militants et membres des familles des détenus du Hirak. Des personnes vêtues en civil se dirigent alors vers lui et lui ordonnent de le suivre. La scène se passe non loin de certaines figures politiques du PT (Parti des travailleurs), également présentes au rassemblement. Farsaoui n'a pas d'autre choix que d'obtempérer. Ce qui n'était alors qu'une interpellation prend l'allure d'une arrestation puisque le concerné ne donne plus signe à partir de ce moment. L'alerte est donnée très vite. Sur les réseaux sociaux, où activent grandement les militants de RAJ et du mouvement populaire, les premières dénonciations de cet acte commencent. Le RCD, le Parti des travailleurs, la Laddh publient des communiqués pour faire part de leur indignation face à ces pratiques et exigent la libération de tous les détenus d'opinion. Abdelwahab Farsaoui est président d'une association particulièrement ciblée depuis quelque temps. En moins de quinze jours, une dizaine de ses militants et activistes, de très jeunes personnes dans leur majorité, ont été arrêtés dans des circonstances presque similaires. Tous, ou presque, ont été interpellés par des hommes en civil alors qu'ils se trouvaient attablés dans des cafétérias à Alger-Centre. Dimanche dernier, quatre d'entre eux ont été placés en détention provisoire après leur comparution devant le tribunal de Sidi-M'-hamed. Ils sont poursuivis pour «atteinte à la sécurité de l'Etat et incitation à attroupement». Leurs avocats , eux , ont décidé de boycotter la séance de présentation des prévenus devant le juge d'instruction en signe de protestation «contre les chefs d'inculpation» et pour faire part de leur refus de «cautionner le procès inéquitable», ont fait savoir ces derniers. Cette nouvelle arrestation intervient au moment où tous les regards sont braqués sur la situation des détenus d'opinion actuellement incarcérés. Le cas de Karim Tabou, président de l'UDS, parti non agréé, est l'un des plus en vue. Ses avocats ont, en effet, fait savoir, cette semaine, que ce dernier avait été transféré dans le quartier des condamnés à mort dans la prison de Koléa, où il est maintenu en détention. Selon son avocate, Zoubida Assoul, les conditions dans lesquelles il se trouve sont extrêmement difficiles, car il se trouve dans un quartier appelé El-Hofra où les condamnés se trouvent dans un état dépressif et crient tout au long de la journée. Cette dernière a également fait savoir que son client avait été malmené durant son interrogatoire policier. Jeudi, un autre de ses avocats a, cependant, tenu à rectifier certaines affirmations rapportées par Me Assoul. Selon Me Bouchachi, Karim Tabou est pris correctement en charge dans la prison où il se trouve. A. C.