Karim Tabbou a de nouveau été placé sous mandat de dépôt, ce jeudi, pour des faits qui n'étaient pas encore connus hier vendredi, a annoncé son avocat Me Bouchachi. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - L'affaire de cet activiste politique et président d'un parti non agréé, l'UDS (Union démocratique et sociale) est l'une des histoires les plus inattendues auxquelles a fait face l'opinion algérienne dans le dossier des détenus politiques du Hirak. Tout a commencé ce mercredi lorsque ses avocats et sa famille apprennent avec grand soulagement sa mise en liberté sous condition après quinze jours de détention à la prison de Koléa. Tabbou avait été interpellé le 11 septembre dernier devant son domicile par des hommes en civil se présentant comme des policiers. Le lendemain, il est conduit devant le procureur du tribunal de Koléa qui décide de le placer sous mandat de dépôt et de le poursuivre pour «atteinte au moral de l'armée». Une décision fortement décriée et condamnée par la rue qui s'est exprimée le vendredi suivant. Karim Tabbou est considéré comme étant l'une des figures ayant émergé depuis le 22 février dernier. Dans son ensemble, la classe politique algérienne a réagi en condamnant elle aussi la «criminalisation de l'acte politique». Quinze jours s'écoulent, le tribunal programme l'étude de son dossier et fixe la séance au mercredi 25 septembre. Contre toute attente, le juge décide alors de lui accorder une liberté sous condition. A sa sortie de prison, et à travers des vidéos largement postées sur les réseaux sociaux, il apparaît souriant et annonce que la justice lui interdit toute déclaration ou activité politique. Il lance cependant une phrase : «Nous les affronterons avec courage», déclare-t-il aux personnes qui l'attendaient devant la porte de la prison. Des images diffusées un peu plus tard et montrant son retour chez lui, ont bouleversé les Algériens tant l'émotion de ses jeunes enfants, celle de son fils particulièrement affecté, était grande. La famille Tabbou ignorait que le père n'était de retour que pour quelques heures. Peu de temps après son arrivée, des éléments de la Gendarmerie nationale se présentent et lui demandent de restituer son passeport. Selon le témoignage de son frère, des éléments en civil se présentent le lendemain, à 8h30, et lui demandent de les suivre. Ce sont des policiers. S'en suit alors une longue quête de la famille et de ses avocats pour tenter d'identifier l'endroit où il a été mené. Ses proches diffusent à deux reprises des communiqués où elles informent l'opinion qu'elle ne détient aucune information sur le lieu où Karim Tabbou a été conduit. Ses avocats font également savoir qu'après avoir pris attache avec le tribunal de Koléa, la justice a indiqué ne pas être en relation avec cette récente interpellation. Vendredi, peu avant douze heures, Me Bouchachi annonce officiellement la nouvelle : Karim Tabbou a été présenté jeudi après-midi devant le procureur du tribunal de Abane-Ramdane et placé en détention provisoire. La même source indique ignorer les chefs d'inculpation qui pèsent sur son client. Les réactions se sont, à ce moment, multipliées : celles du RCD, du Parti des travailleurs (PT), de la LADDH (Ligue des droits de l'Homme) qui s'insurgent et condamnent. A. C. Deux militants de RAJ et un journaliste sous mandat de dépôt Deux militants de l'association Rassemblement Action Jeunesse (RAJ) ont été arrêtés ce jeudi à Alger, dénonce un communiqué émanant de cette même organisation. Il indique que Boutata Karim et Kadi Ahcène ont été interpellés au même moment mais à des des endroits différents. Le premier se trouvait dans une cafétéria près de la rue Abane-Ramdane, alors que le second était attablé au café le Milk Bar. Les auteurs de leur arrestation étaient vêtus en civils et les ont conduits vers des lieux inconnus. Dans un nouveau communiqué publié hier vendredi, RAJ affirmait être toujours sans nouvelles «de leur lieu de détention ni de la partie qui les a interpellés, ce qui est étrange et anormal». Au cours de la journée de jeudi, on apprenait aussi la mise sous mandat de dépôt du correspondant de la chaîne de télévision El Mayadine en Algérie. Selon son avocate, Sofiane Merrakchi a été arrêté dimanche dernier par des éléments de la Gendarmerie nationale après une perquisition effectuée dans les locaux de la chaîne à Alger. Le journaliste, également producteur pour France 24 et RT, est accusé d'avoir transmis des images de la manifestation à des chaînes étrangères dont El Jazeera. Cette affaire a fait réagir le SNJ (Syndicat national des journalistes) qui «en appelle aux autorités judiciaires compétentes pour revoir cette mesure disproportionnée et remettre notre confrère en liberté». A. C.