Au 34e vendredi de la mobilisation nationale contre le système politique, les Algériens restent déterminés, en investissant massivement le terrain, à arracher leurs revendications et à faire aboutir la révolution du 22 février. Les manifestants ont rejeté, à nouveau, l'élection présidentielle du 12 décembre, exigeant le départ de toutes les figures du système. Ils ont également dénoncé le projet de loi sur les hydrocarbures, condamné la répression de la marche des étudiants de mardi dernier à Alger, et exigé la libération des détenus du mouvement populaire. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Les Algériens restent intraitables sur la question du rejet de l'élection présidentielle du 12 décembre prochain. Ils l'ont fortement réitéré, hier vendredi, à l'occasion du 34e vendredi de mobilisation nationale contre le système politique. Dans la capitale, la mobilisation est toujours imposante, avec des torrents humains qui se sont déversés sur le centre-ville dans l'après-midi. Après la répression de la marche estudiantine de mardi passé, on s'attendait à un climat encore plus tendu hier. Or, le dispositif sécuritaire bouclant la capitale chaque vendredi a été allégé et la tension n'était pas au rendez-vous. C'est la première fois, depuis plusieurs vendredis, que les interpellations n'ont pas eu lieu le matin. Il n'y avait , ni bousculades, ni arrestations musclées. Le dispositif sécuritaire était, certes, important, mais plus souple que les dernières semaines. Cela étant, les manifestants ont exigé le départ de toutes les figures du système, en ciblant les tenants du pouvoir réel qui cherchent à imposer l'élection présidentielle. « On ne va pas se plier », affirme-t-on sur une large pancarte déployée par des manifestants alors que, sur une autre, l'on décrète que « le recyclage du système ne sera pas autorisé». Ils ont dénoncé fortement la répression de la marche estudiantine de mardi passé, en lançant des slogans glorifiant les étudiants et condamnant leurs « bourreaux ». Pour la première fois, en effet, depuis le début du mouvement populaire, la marche des étudiants a été violemment réprimée par la police, mardi à Alger. Accusant les décideurs de « vendre le pays aux puissances étrangères », les manifestants ont exprimé leur rejet du projet de loi sur les hydrocarbures élaboré par le gouvernement. Le projet prévoit plusieurs dispositions en faveur des multinationales. « Vous avez vendu le pays, espèces de traîtres », « Ya Krim, Ya Abane, les traîtres dans le Parlement », ont-ils entonné, promettant de faire barrage à ce projet de loi qui vise, selon eux, à « brader les richesses du pays ». Les manifestants ont, par ailleurs, exigé la libération de toutes les personnes incarcérées pour avoir participé aux marches populaires contre le système politique. Nombreux sont ceux qui avaient arboré les portraits de plusieurs détenus du mouvement populaire, à l'image de Karim Tabou, Fodil Boumala, Lakhdar Bouregaâ et les jeunes du drapeau. En maintenant la mobilisation, les Algériens ne veulent rien céder sur leurs revendications. Ils ont affirmé leur détermination à poursuivre la marche jusqu'à la réalisation des objectifs de la révolution populaire, à savoir une rupture totale avec le système en place. Ils ont insisté, une nouvelle fois, hier, sur leur volonté d'édifier un Etat de droit, de libertés et de justice. K. A.